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MSATIUN A.NCIE.NM-  : — IU4 — COLONISATION ANCIENNE


tel qu’il est conçu en Russie. Le système communal n’a été iuti’oduit dans le pays de Kiiarkof que dans la seconde moitié du siècle dernier, pour quelques domaines de l’État et quelques propriétés privées. Pierre le Grand l’avait étendu à un grand nombre de soi-disant Odnowortsi, ou paysans pos- sesseurs d’une armure, broôjne {brunie en Scandinave!, qui étaient établis sur les fron- tières mêmes de la Moscovie. Catherine et Paul retendirent ensuite dans les nouveaux pays, surtout dans ceux qui étaient peuplés par les Cosaques petits-russes, à plus d’un million 1/2 d’habitants. Dans le Kherson, la Tauride et le Voronèje, ce n’est cependant que de 1840 à 1850 que le Gouvernement a établi partout le mir  ; et dans le Samara, on dit que ce n’est qu’à une époque récente que les pa\sans ont introduit volontairement ce système dans leurs villages. Dans la Sibérie occidentale, le servage a existé, mais dans des fermes séparées ou de très petits villages.

Les Cosaques du Don, Grands-Russes mé- langés de Tartares, commencèrent à habiter ensemble de grands villages, stanitsus, qui étaient considérés comme une mesure de sécurité, et même, pour cultiver les terres, ils sortaient toujours armés. Ces terres n’avaient d’autre division que celle des dis- tricts de ces grands villages. Plus tai-d, quand la sécurité fut devenue plus grande, et les terres moins vastes eu égard à la population croissante, et qu’il fut nécessaire de les mieux cultiver, on créa de petits villages. Le développement a été à peu de chose près le même chez les Cosaques de l’Oural de race russo-tartareet, sous quelques rapports, ditlerent chez ceux de la mer Noire de race petite-russienne. On a renoncé à sou- mettre les Cosaques au régime du mir.

Les Zadrougas ou grandes fermes fami- liales sont une institution particulière aux Slaves du Sud  : les Croates, les Slovènes, les Serbes, les Bosniaques, les Monténégrins et les Bulgares. Ce sont des communautés dont le nombre des membres s’élève à 60, 80 et même 100 personnes, continuant à vivre ensemble sous la direction de l’un de leurs aines jusqu’au jour où il devient absolument nécessaire de former une autre communauté. Ces fermes familiales sont très grandes, dans laSlavonie, tandis qu’elles sont beaucoup moindres en Croatie. Il y en avait même en Styrie et en Carinthie. On les com- pare aux communautés qui existaient chez les anciens Celtes, chez les Bretons et chez les Ir- landais, par exemple, aux cousinages moder- nes de la Bretagne, aux associations niver- naises, à la consorteria de la Toscane, à la compania de la Galice espagnole, etc. Ce ne


sont cependant que comme des exceptions que les grandes habitations tribales des Celtes se sont développées en communautés familiales . La Zadrouga est une forme antique qui a été maintenue par le Gouvernement austro-hongrois pour des raisons d’adminis- tration et de défense dans les confins mili- taires, au sud de la Hongrie. Mais les habi- tants n’y sont plus attachés et y renoncent aussitôt qu’ils le peuvent. C’est ainsi qu’il n’en existe plus dans la Serbie, et les seuls pays où l’on en rencontre encore, en nombre considérable, sont probablement ceux qui restent sous la domination turque, et où la liberté du mouvement économique et social se heurte encore à bien des obstacles. Les communautés ne se ti’ouvent guère dans des villages  ; elles sont si grandes qu’il n’y a pas de place pour ces derniers, bien que, dans d’autres pays, au nord-ouest de l’Inde et au sud de l’Irlande, il en soit différemment. Il y a aussi certains exemples, dans les pays slaves, de villages formés par le groupement de plusieurs communautés.

C’est une question très discutée de savoir si ces mêmes communautés existaient éga- lement chez les Slaves du Nord. Ceux-ci sont essentiellement de la même race que les Slaves du Sud. Les Croates, par exemple, sont venus de la Galicie (Chrowales), et il est probable que les Serbes vinrent aussi du nord des Carpathes  : leur nom est en effet le même que celui des Sorbes de la Lusace. Les langues des Slaves du Sud ont plus d’affinité avec le russe, tandis que celle des Czechs se rattache au polonais et aux idio- mes slaves qui survivent dans l’Allemagne du Nord. L’opinion de Palacky et de Jiracek est qu’il y a eu des communautés de famille dans l’ancienne Bohème et ils croient en trouver encore des traces au xvi" et même au xvii"^ siècle.

M. Ivau Loutchisky, de Kief, a démontré leur existence, aux xv<^ et xvn^ siècles, chez les Cosaques de l’Ukraine. De très nombreux noms de localités portent la marque de l’ori- gine d’une grande famille. Souvent des noms patronymiques se terminent en ici, ou oivici. On les retrouve souvent ainsi dans d’autres jiays slaves, etdéjà changés, dèsle xvii’^siècle. de ici en itzouioitz  ; ainsi dans l’Allemagne ac- tuelle. On trouve encore souvent des siabres ou individus ayant chacun leur part indivi- duelle dans les fermes de la Petite-Russie. M. Loutchisky constate que nombre de vil- lages des grands steppes de Poltawa et de Tchernigof sont sortis des communautés de famille des premiers colons qui ont traversé le Dnieper aux xvi^ et xvn’’ siècles  ; ces commu- nautés ont formé de grandes communes, des


COLOMSATln.