Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ANCIENNE — 114 — COLONISATION ANCIENNE


Ni VAssarn ni la Birmanie ne connaissaient non plus ces villages à copropriété.

De5 ventes de terre en pleine propriété à la mode européenne, au prix de 6 pence à 2 sh. 6 d. par acre, ont été instituées surtout au profit des Européens qui voulurent cultiver du thé dans l’Assam et le Cachar ou du café dans le Nilghuiries,dans l’Inde centrale et ailleurs.

Tout le scttlemcnt des revenus terriens aux Indes a été exécuté entre 1835 et 1875. La part du gouvernement a été estimée, pour les différentes provinces, entre 4, 6 et 6,8 0/0.

Tout ce système de village de copropriété, où les propriétaires sont solidaires en ce qui concerne la propriété, système puissam- ment soutenu, parfois même institué parles Anglais, dans les Indes, peut être utile et même nécessaire pour certaines étapes du développement général. Il n’y a aucune rai- son de le préconiser comme une institution qui doive être la base de la société indienne, et encore moins comme institution sacro- sainte de la race aryenne. Comme partout ailleurs, ce système est, aux Indes, destiné à disparaître avec le progrès.

A Java, les Hollandais et leurs vassaux, les princes indigènes, font un grand usage de la responsabilité solidaire des villages. Ceux-ci font spécialement porter leur action commune vers les travaux d’irrigation pour la culture du riz. Les rizières sont distribuées périodiquement aux cultivateurs. Les insti- tutions javanaises, en général, et aussi en ce qui concerne les relations rurales, ont été importées principalement des Indes. La communauté très étendue a été, à Java comme en Russie, un corollaire naturel d’une grande dépendance personnelle. Les Hollandais se sont efforcés de faire entrer dans la commu- nauté des villages, et dans leurs droits com- muns, les simples manœuvres qui ne possé- daient aucun animal de trait et qui étaient exclus de cette communauté.

En Orient, le plus souvent, les villages, pour quelque raison qu’ils aient été établis, sécurité, coopération, assistance mutuelle, etc., ont été utilisés par les gouvernements comme principal moyen de s’assurur la per- ception des revenus.

11. Causes générales de la vie des cultivateurs en villages ou en villes.

Nous avons examiné spécialement l’éta- blissement des villages au point de vue de la race etdela nationalité. Parmi d’autres causes qui exercent une influence particulière, il faut signaler le climat, qui détermine en partie le caractère de la culture. La comuiu- naulé de village, que nous avons spéciale- ment examinée, n’est possible qu’avec l’agri-


culture ordinaire, celle qui a trait principa- lement à la culture du blé, mais non avec la culture des fruits, de la vigne, etc.. D’autre part, le Midi permet souvent, précisément par le caractère de ses cultures, de s’éloigner davantage des habitations que ne le per- mettent les régions oîi l’on est obligé de rester avec les bestiaux pour leur donner leur subsistance et pour les besoins du labou- rage. Dans le Nord, la dureté du climat rend nécessaire l’utilisation de plus grands espaces et il est impossible d’y vivre sur un territoire aussi restreint. Nous avons parlé des fermes séparées du nord de la péninsule Scandinave, et de celles du nord de la Russie, où l’on ne trouve que de très petits villages bien difîérents des villages du centre dont la population peut s’accroitre jusqu’à atteindre des milliers d’habitants. De même dans le nord de la Chine, on ne trouve que de très petits hameaux, de 5 maisons en moyenne, suivant le calcul qui en a été fait  ; ces hameaux présentent un contraste frappant avec les immenses agglomérations qui existent dans les régions méridionales de cet empire. En Andalousie, de grandes villes vivent presque entièrement de la culture des terres qui ont une étendue pouvant atteindre 100 000 hectares, à cause de la nature parti- culière de cette culture. Les .grands villages ou villes paysannes en Hongrie, qui comptent jusqu’à près de 30000 habitants, se sont déve- loppés sous un régime de vie demi-nomade  ; il y a eu là une véritable communauté de tenues avec distributions périodiques. Eu réalité, les habitants ne demeurent à l’heure actuelle dans les villes qu’aux époques de fêtes  ; le reste du temps, ils vivent dans des cabanes sur leurs terres. Les anciens villages teutoniques et slaves étaient le plus souvent entourés d’une haie et d’un fossé, et des anciens villages de la Grèce et de l’Italie, on a fait de bonne heure des cités fortifiées pour plus de sécurité. En Grèce, les Eléens conti- nuèrent à vivre à la campagne parce qu’ils étaient protégés par les fêtes olympiques  ; leur pays, par là même, était sacré. Les villes à l’est des montagnes de Hartz en Allemagne ont été établies par la concentra- tion des villages à la suite des guerres entre les Allemands et les Slaves. Roscher rappelle que les villages dans la Haute-Italie ont dis- paru au temps des chevauchées des xiv<= et xv^ siècles, et ceux de la campagne romaine et des Maremmes à Sienne, après qu’ils eurent été dévastés par les Espagnols en li)o4. Les villages de la Champagne en France, qui ont une étendue supérieure à celle qui est d’usage, se sont développés, sans doute, à cause des nécessités de défense plus grandes


COLONISATION