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Ai.KlCULE


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CUÉDIT AGRICOLE


dans une CCI UiiiL’ iinsiiie. Les dépôts qu’elles feraient aux caisses de crédit a ;iricole se- raient assurés d’un revenu régulier et y trou- vcraiiMit assurément une sécurité absolue. Ln même temps, ce serait un excellent emploi de la [)etite épargne que de la faire servir à favoiiser la petite culture.

5. — Principes généraux. — Conclusions.

L’avenir du crédit agricole reste donc lié à son accès dans les banques ordinaires. Cet accueil si désirable est déjà consacré par voie d’exceptions, il ne reste qu’à le généra- liser graduellement chaque fois qne les cir- constances le permettront. La Banque de F’rance fait depuis longtemps des opérations très fructueuses avec la culture en Normand ic, dans le Nivernais et ailleurs. A Remiremont, à Poligny, elle accepte le papier qui lui est {uésenté par les caisses de crédit a^iricolc parce qu’elle est garantie par un dépôt de titres ou de toute autre manière  ; elle n’élève donc pas d’objections de j)rincipe contre cette pratique, elle applique simple- ment ses règlements avec une grande rigueur. Le papier agricole est accepté par elle à l’escompte, d’où qu’il vienne, pourvu qu’il porte des endossements auxquels elle a con- fiance,maiselle n’accepte les renouvellements si nécessaires à la culture, que dans des con- ditions étroitement délimitées. Elle n’aurait guère qu’à se montrer plus large pour donner satisfaction à tous. Chaque billet est, en effet, signé parle débiteur, par sa caution et par la Société de crédit mutuel, les trois signatures réglementaires y sont bien.

A Montpellier, la succursale de la Société rjéiv-valc accepte le papier de la Caisse de en’-dit agricole dans des conditions de bon marché aussi douces qu’il est possible de les concevoir  : 1/2 p. 100 au-dessus du taux de la Banque de Trance  ; elle rend ainsi de très grands services et y trouvera certainement les éléments d’une clientèle nouvelle pour l’avenir. Les renouvellements se font sans frais, l’intérêt du prêt seulement continue à courir jusqu’à l’échéance, ce qui n’est que juste et équitable. Il y a là une expérience fort intéressante qui se poursuit et que l’on pourra juger par ses résultais dans un très petit nombre d’années. Ces résultats semblent dès aujourd’hui promettre un plein succès. La Société générale n’a pas exigé de garanties spéciales, mais le directeur de Montpellier, qui est en même temps porteur de parts du capital social, fait partie du conseil d’admi- nistration de la Caisse de crédit agricole et peut ainsi contrôler directement la qualité du papier qui est créé par le canal de cette Caisse et qui doit lui être négocié plus tard.

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Sous forme de conclusions générales, nous résumerons en quelques idées les principes qui se dégagent de cette courte étude.

Tout d’abord, il est à retenir ce fait fonda- mental  : l’agriculture se trouve en concur- rence avec l’industrie et le commerce sur le marché linancier pour ses besoins d’argent et elle ne peut prétendre à aucune faveur particulière. Si les placements agricoles présentent quelques avantages pour les capi- talistes, ils présentent aussi des inconvé- nients. Il faut que la culture, qui réclame une place égale vis-à-vis de la banque, s’attache à mobiliser les valeurs qu’elle met en circulation et qu’elle paie le même intérêt au moins que le commerce.

Dès maintenant, il est acquis qu’avec une bonne organisation locale, avec la facilité de contrôle dont on dispose à l’égard des culti- vateurs, toutes les banques opérant dans une région peu étendue peuvent pratiquer le crédit agricole avec la plus grande sécurité et rendre tous les services qu’on est en droit d’en espérer.

Beaucoup de bons esprits pensent que la coo- pération n’a pas d’avenir sérieux en France, que nous sommes trop individualistes pour consentira nous aider les uns les autres dans nos affaires. Cette opinion n’est pas fondée  : on commence à s’en apercevoir aujourd’hui. De ce que nous ne sommes entrés que tard dans la voie de la création des banques coo- pératives, il ne s’ensuit nullement que nous ne sachions pas en tirer un profit avanta- geux.

En règle générale, l’argent mis à la dispo- sition de la culture a été rare et fort cher jusqu’à notre époque par suite de son défaut d’organisation liuancière. Cet état de choses est en cours de transformation à l’heure présente. Le crédit agricole s’organise, s’étend et se régularise en même temps que la culture s’habitue à y recourir pour ses besoins normaux. Et l’évolution, qui sera la consé- quence de cette réforme dans l’entreprise agricole, aura, sans nul doute, une répercus- sion considérable non seulement dans l’éco- nomie de la ferme, mais encore sur la pro- ductivité du sol national.

Si jusqu’à présent le crédit ne parait se propager qu’en faveur de ceux qui sont afiiliés à un syndicat, et sous la forme mutuelle, ce n’est là qu’une phase transitoire  ; peu à peu, des règles générales se feront jour, s’impo- seront à la pratique et créeront des habitudes  ; les cultivateurs, ayant définitivement accès dans les banques, arriveront bientôt à s’émanciper de la tutelle syndicale et à se découvrir eux-mêmes.

Il faut que le crédit agricole soit général

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