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l)K lA COURT


tisé lui-même en 1823  ; critique littéraire cé- lèbre sous le pseudonyme Y. Z.  ; reçu doc- teur de Gottingen, avec une thèse intitulée Traité sur les mpôts danois an wm’^ siéric  ; il fonda les revues Statsokononnsk Arkiv, 182G- 1839, elNyt statsôkoivymisk Arkiv, 1841-1843  ; professeur d’économie politique à rUnivorsité de Copenhague (1830), forcé de démissionner (1836) pour ses opinions politiques libérales  ; fonda et dirigea, (1834-1839), le Fœdrelamlct, hebdomadaire libéral (plus tard journal quo- tidien et, pendant un grand nombre d’an- nées, le « Journal des Débats « du Danemark)  ; directeur et réformateur des prisons  ; en 1848, de nouveau Docent à l’Université  ; direc- teur du bureau de statistique (185’4-18o8)  ; directeur de la Banque nationale (18b8)  ; conseiller municipal  ; pendant plusieurs pé- riodes, député  : avant 1848, de la Diète con- sultative des Iles, plus tard de la seconde Chambre du Iligsdag, le Folkething, ou de la première Chambre, le Landstliing, ou du Rigsraad de la monarchie dano-allemande  ; ministre des finances (1864-1865).

M. David débuta dans l’opposition libé- rale  ; il finit comme membre du ministère conservateur de M. Bluhme, devenu possible après la défaite de 1863-1 864-. Son changement fut en grande partie une conséquence du développement des événements et de l’opi- nion publique. Il était, par conviction, opposé au suffrage universel de 1848, et au mou- vement national dominant de 1848 à 1863.

Son activité si répandue dans l’adminis- tration et la politique ne lui permettait ni des études approfondies ni un grand travail comme professeur ou auteur. C’était cepen- dant un homme de grande largeur d’es- prit, qui suivait et comprenait la meilleure littérature économique et contribuait beau- coup à la faire connaître dans sa patrie. Dans ses premières revues économiques, on trouve déjà quelques idées de beaucoup d(  ; valeur, telles qu’un exposé développé de la catégorie « productif» et une autre du véri- table revenu net, dans lequel David demande pour l’ouvrier une déduction ou un amortis- sement de la valeur des forces personnelles avant que d’arriver au même revenu net que représente l’intérêt. Ce sont là d’ailleurs des idées qu’il ne suivit pas plus tard. Parmi les grands auteurs de la science, il subit surtout l’inlluence de J.-B. Say  ; plus tard, il suivit même les idées de Bastiat dans ses Har- monies économiques.

M. David était très répandu et très connu parmi les économistes d’Europe, et il repré- senta le Danemark dans un grand nombre de congrès et de conférences internationales.

.N.-C. F.


DE LA COURT(Piorre) 101 8-1685, marchand Iiollandais, éciivit en collaboration avec son ami Jean de Witt, le grand pensionnaire de Hollande, un ouvrage favorable à la liberté du commerce et intitulé Het Intcrcst van lloUand door V. d. H. 1662 (initiales de Van dcn Uove, traduction néeidandaise de De La Court). Cet ouvrage fut traduit en fran- çais sous le titre de Mémoires de Jean de \yitt (1709) et on en trouvera l’analyse au mot WiTT (Jean), mais il n’est pas le seul ([ui soit sorti de la plume de De La Court. Dans son premier ouvrage demeuré inédit i/e< Welvaren der Slad Lcj/den 16iJ9 (La prospé- rité de la ville de Leyde) dont une édition a été donnée en 1845 par M. Uittewaall sous le titre Proeve uit cen onuitgegeven Staatlmis- hoiidkundig Gcschrift (Extraits d’un écrit économique inédit), De La Court s’était déjà vivement élevé contre le système des corps de métiers privilégiés et de la régle- mentation de la qualité des produits manu- facturés  ; marchand et industriel lui-même, il avait l’expérience pratique des entraves que ce système oppose au progrès indus- triel. C’est après avoir lu la Prospérilé de la ville de Leyde que Jean de Witt insista auprès de De La Court afin qu’il étendit ses conclusions à la Hollande tout entière.

De La Court a joué un rôle prépondérant à son époque. Plusieurs historiens allemands et hollandais l’ont étudié à fond, notamment M. Laspeyres dans sa Gesehichte der volkswirth- schafttichen Anschauungcn der JSiederlun- der (1863) qui fournit le tableau le plus com- plet que nous possédions de la littérature économique des Pays-Bas au temps de la République, et M. Van Rees dans sa mono- graphie Verhandeling over de Aanivyzing der Politiêke Gronden en maximen van Pieter De La Court, (Utrecht 1831). Ils font remarquer que les théories libérales de DeLaCourt se dis- tinguent de celles d’Adam Smith en ce j)oint  : Adam Smith invoque de préférence les in- térêts du consommateur, tandis que De La Court se place surtout au point de vue du développement du commerce na- tional.

Cette préoccupation est chez lui si persis- tante qu’elle inlhie sur ses idées en matière d’impùls.

■? C’est ainsi qu’il recommande d’épargner les commerçants et les industriels travail- lant pour l’exportation et de taxer de préfé- rence les fonctionnaires, les pêcheurs, les classes qui pourvoient à la consommation intérieure, d’autant plus que ces derniers ne peuvent pas, comme les premiers, se sous- traire aux exigences du fisc par l’expatria- tion.


DOMAT