Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

TS EN ALGÉRIE (LES) — 168 — FORÊTS EN ALGÉRIE (LES)


il supportait son malheur, assisté de sa femme, Millit^entGarrett, elle-même écrivain distingué. Il lit preuve de beaucoup d’indé- pendance dans la politique, et contribua, par exemple, à la défaite de ses amis, les libé- raux, par son vote lors de la question des universités irlandaises, en 1873, ce qui ne l’empêcha pas de devenir Postmastcr General dans le ministère Gladstone de 1880. Partisan du principe dulais?er-faire, il protégea pour- tant toujours les faibles. M. Leslie Stephens le caractérise de la manière suivante  : « Une haine spontanée pour tout ce qui est injuste se montrait dans toutes ses actions, qu’elle prit laforme de la sympathie pour le journa- lier agricole, ignorant et déprimé, pour les enfants laissés sans instruction, pour les femmes exclues des occupations où elles au- raient pu gagner leur vie, pour les habitants des villes privées du seul endroit où ils pou- vaient jouir de récréations salutaires, ou pour les millions d’Indiens, gouvernés par une race étrangère, trop disposée à négliger les •t-rais intérêts de ses sujets. »

M.Fawcett n’eut pas une grande inûueuce sur le développement de la science écono- mique. Son manuel n’est qu’un extrait de Stuart Mill  ; il reproduit quelques-unes des plus graves erreurs scientifiques du maître, et pèche comme lui par le manque de sys- tème et les mauvaises définitions. Que ce manuel ait pu obtenir 8 éditions, c’est, comme d’ailleurs la manière dont sont acceptées les œuvres de Mill lui-même, dans une certaine mesure, un honneur pour la nation, mais, c’est aussi un témoignage des limites parti- culières et curieuses de l’esprit anglais.

>’. C. F. Bibliographie.

Tur Bare’s, Reform Bill simplifiée and explained, 1860 (défense pour l’élection proportiounelle). — Manual of Political Economy, 1863. — Thu Economie Position ofthe British Laborer (son cours), 1865. — Essays and Lectures on Social and Political Subjects (6, par M. F., 8, par M°" F.), 1»72. — Speeches on some cnt-rent Political Ques- tions, 1875. — Free Trade and Protection (son cours), lg78. _ Indian Finance (articles reproduits du 19’k Cen- tury), 18S0. — State Socialism and the Nationalisation of Lands (extrait du Manuel), 1883. — Labor and Wages (qui est aussi une reproduction de quelques chapitres du Ma- nuel), 1884.

FORÊTS EN ALGÉRIE (LES). — Le massif forestier algérien est très considérable. Sa conservation est utile au point de vue des intérêts même du principal propriétaire, c’est- à-dire de l’État, et il ne saurait être question de l’abandonner sans protection et sans contrôle aux tribus qui compromettraient jusqu’à son existence.

Néanmoins il est indispensable de res- pecter les droits des indigènes, de tenir


compte des besoins impérieux de leur exis- tence, et des différences profondes qui sépa- rent les populations françaises des popula- tions algériennes au point de vue du genre de vie.

M. Jules Ferry, dans un rapport sur l’orga- nisation et les attributions du gouvernement général de FAlgérie, a montré les dangers que présente l’assimilation trop complète des forêts de l’Algérie aux forêts françaises. En France, l’usage des forêts n’intéresse pas toujours directement la population ru- rale, qui trouve dans l’exploitation de la terre arable la source véritable de ses pro- fits, et ses moyens d’existence.

Depuis longtemps, nos paysans ou nos cultivateurs français ont appris à respecter le droit de propriété individuelle, et ils ne connaissent plus la jouissance collective de la terre. En outre, les limites des forêts de FÉtal sont partout et depuis bien des siècles, nettement établies, et parfaitement connues. Il en est autrement en Algérie. Au moment de la conquête, les massifs boisés de ce pays étaient habités. C’est dans la forêt que la population vivait fort souvent, parce qu’elle y trouvaitles pâturages nécessaires aux trou- peaux dont l’exploitation constitue sa prin- cipale ressource. La loi de 1851 ayant an- nexé au domaine toutes les forêts comme propriétés de l’État, les tribus algériennes ont été privées d’un droit de jouissance qui leur avait été jusque-là concédé. Les ter- rains couverts uniquement de broussailles ont été eux-mêmes soumis au régime fo- restier.

La loi du 9 décembre 1885 dit, en outre, expressément dans ses articles 6 et 12.

Article 6. — « Les exploitations abusives ou Fexercice du pâturage (dans les bois des particuliers) devant avoir pour conséquence d’entraînerladestructionde tout ou partiedes forêts dans lesquelles ils sont pratiqués, se- ront assimilés à desdéfrichements, etpar con- séquent donneront lieu, contre les particuliers qui les auront faits, à l’application des ar- ticles 221 et 222 du code forestier (amende de oOO fr. au moins et de loOO fr. au plus par hectare de bois défriché, et obligation de reboiser).

«Article 12. — Les dispositions du titre XV du code forestier relatives au défrichement des bois des particuliers, et celle des articles 0, 6 et 8 de la présente loi sont applicables aux broussailles, 1° se trouvant sur le som- met ou sur les pentes des montagnes ou des coteaux  ; 2° servant à la protection des sources ou cours d’eau. »

Ainsi, les lois antérieures, de 1851 et de 1863, avaient déjà écarté l’indigène des forêts


GR