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LEIBNITZ


LEIBNITZ ou LEIBNIZ (Godefroy-Guil- lauiue) ^IGIG-ITIU,. .\é à Leipzig et ayant perdu son père de bonne heure, Leibnilz se forma en grande partie lui-même. Quelque temps attaché au service de l’électeur de Mayence, il vint, après un séjour à Paris et un voyage à Londres et en Hollande, se fixer à Hanovre, où son protecteur, le duc de Brunswick Lunebourg, le fit nommer conser- vateur de la bibliothèque.

Le génie de Leibnitzapour traits dominants l’universalité, la clarté et la pondération  ; aussi est-il très naturel que dans son Histoire de rÉconomic Politique en Alle- magne, M. Roscher, qui prisait très haut ces qualités, ait exprimé le regret, qu’absorbé par l’immensité de ses travaux, Leibnitz ne se soit occupé qu’incidemment de questions relevant de la science économique. Ce n’est pas qu’il les tînt en médiocre estime  ; mêlé comme conseiller et correspondant des princes à tous les dissentiments qui déchiraient l’Europe, sachant à merveille que la puissance des États repose sur leur prospérité, il ne craignait pas d’affirmer que la science éco- nomique constitue la partie de beaucoup la plus importante de la science du gouverne- ment et que les malheurs de l’Allemagne étaient dus à l’ignorance ou à l’oubli oii on l’avait laissée. « La puissance d’un pays, écrivait-il dans son Spécimen Deinonstrationum Politicarum pro elicjendo Rege Polonorum, consiste dans ses terres, dans ses capitaux, dans sa population {Regionis potentia constitit interra,rebus,hominibus) ». Également éloignée des tendances exclusives qui devaient animer les physiocrates et de celles, à peu près tout aussi exclusives, qui animaient alors les mercantilislcs, cette idée n’est jetée qu’en passant, mais dans sa concision elle fait sa part à chacun des facteurs de la richesse. Il est vrai qu’à la dernière page de sa Jurispru- deiilia, il fait cette part très large, trop large même, à la population  : Vera crgo regni po- teslas inhominum numéro constitit. (La vraie richesse consiste dans le nombre des hommes.) Mais, s’il en donne pour motif que  : Uhi sunt homines, ibi substantix et vires, assertion dont l’expérience n’apas invariablement démontré la vérité, il a cependant soin d’ajouter le correctif  : «surtout si on les applique à des arts utiles, tels que les manufactures ». prxclpue si in opcribus ntilibus iliis nlimnr


sicuti in manu fact avis). Il s’agissait au surplus dans cette occurrence de déterminer si la Prusse était suffisamment puissante pour rendre ses souverains dignes de porter la couronne royale  ; ayant relevé le chiffre de sa population, Leibnilz ne néglige pas d’appuyer sur le fait que nulle part en Alle- magne, ni dans le ?sord, les arts utiles n’étaient alors plus fiorissants.

Dans une autre occasion, il a fait paraître combien était fausse la conception de l’anta- gonisme irréductible qui, au dire de certaines gens, existe entre la production agricole et la production industrielle ou commerciale. Cette fois il s’agissait de l’Angleterre où les Tories se proclamaient les défenseurs nés du landed et les Whigs les défenseurs du Monied interest. En réponse à un pampiilet tory soutenant que les gentilshommes campa- gnards étaient accablés de taxes et sacrifiés à l’intérêt égoïste de la classe financière et commerçante, Leibnitz publia en lllY), et en français, son Anti-Jacobite ou Fausseté de l’Avis aux Propriétaires Anglais  ; il découpe l’Avis en extraits et fait suivre chaque extrait d’anno- tations destinées à le réfuter. Dans l’extrait III portant que les Whigs s’acharnaient à détruire les Terriens, seuls vrais patriotes, Leibnitzétablitque l’agriculture, le commerce et l’industrie sont au contraire solidaires  : « L’auteur forme une opposition entre les Terriens et les gens qui subsistent par leur commerce et parleur industrie... Ce préjugé d’opposition s’est assez emparé des esprits, mais il importe au bonheur de l’Angleterre ([u’il soit déraciné. La culture des terres est la base de la grandeur de la nation et comme le tronc et la racine de l’arbre. Mais le com- merce et les manufactures attirent l’argent du dehors et enrichissent le royaume  ; ce sont comme les branches de l’arbre, qui le rendent ficurissant et fructifiant. L’un a besoin de l’autre  : les gens qui possèdent des terres, vendent bien leurs denrées quand le commerce est fiorissant  ; et de leur côté les marchands et les manufacturiers sont à leur aise quand les vivres abondent et quand on leur fournit chez eux de bonnes laines et d’autres matériaux du commerce. Et ceux qui ont acquis du bienpar le négoce, tâchent d’acquérir des terres, sachant que c’est le meilleur moyen d’établir leurs familles. Les taxes doivent être proportionnées en sorte


I.