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CLASSES)


234 — RURALES (CLASSES)


claves, avaient été affranchis et élevés  ; d’au- tres, au contraire, abaissés.

Même dans le Nord Scandinave, pays d’an- cienne liberté, apparaissent, spécialement sur les propriétés de l’Église, des classes qui ressemblent à celles que nous connais- sons en Angleterre et dans d’autres pays, les petits Gaardsœder, par exemple, payant en travail, et, un peu plus tard, le grand arche- vêque Absalon rencontre en Scanie une in- surrection desKotkcuie.

Dans d’autres pays, dont la conquête n’a du moins été que tardive, on rencontre déjà une ancienne dépendance. On connaît l’état des Gaules lors de la conquête romaine. Citons encore ici le pays gallois à l’époque de la conquête anglaise au xiv^ siècle et, comme exemple de la situation qui y régnait, le régime de la ferme propre du prince de Galles du Nord, de son maerdref (de maer, majordonnis) sur l’Ile d’Anglesey. 11 y a là des terres qui sont entre les mains des tenanciers libres (/tererfes), maisily en a d’autres qui sont entre celles des villani, et il existe aussi une colonie de quatorze petits cottiers, Garthsey fnom Scandinave). Ce pays avait été conquis, aux v’= et vi^ siècles, par les Kymri, sur les Goidelic ou Gaels. Mais il y avait également des hommes très dépendants dans l’ancienne Irlande, dès les temps les plus reculés. Non seulement il existe la toute une échelle aris- tocratique deflaith-schlechta (/îa(7/ts désigne les riches et les puissants, possesseurs de plu- sieurs vaches et maîtres d’un certain nombre de vassaux  ; schlechta, sddicht, signifie les « classes «, et c’est probablement le même mot que « schlachta » qui désigne la noblesse polonaise)  ; ces flaiths forment, avec tous ceux qui exercent des professions {fer dana), les « neme », classe supérieure à celle des hommes libres ordinaires, ou « fene » (mot qui signifie lui-même « héros ))).Il n’existait pas que des flaiths ou nobles par naissance et des chefs d’un certain nombre de vassaux  ; une autre classe de nobles était constituée par le seul fait de posséder des vaches qu’ils pouvaient prêter à de plus pauvres  : les bo-aircs ou « lords à vaches » en devaient posséder 12. Il y avait encore d’autres hommes qui, eux, n’appartenaient pas au clan proprement dit, les taeog établis dans une plus grande dé- pendance sur les terres des chefs. Il y avait des tenanciers libres, daor-ceilc, et des tenan- ciers personnellement dépendants, des saoi’- ceile. Les lothachs étaient de petits cottiers. Les fuidhirs ou étrangers étaient établis en état de dépendance. Ces classes d’hommes dépendants ou de serfs étaient bienau-dessus des esclaves. Une femme esclave, cumal, n’avait qu’une valeur égale à celle de 3 vaches.


Les mêmes classes ou des classes analogues se retrouvent dans le Pays des Galles, dans rilcosse gaélique et aussi dans d’autres par- ties non gaéliques de l’Kcosse. Sur l’abbaye de Kelso, il y avait en 1200, des husbandmen possesseurs de 26 acres, des cottarii pos- sesseurs de 1 à 9 acres et des carie ou bendmen et nativi ou serfs. Ces classes rappellent mêmes celles dont on parle en France dans le xiv« siècle  ; vavasseitrs ou possesseurs libres  ; descendants d’hosjyites ou tenanciers en théorie taillables et corvéables à volonté  ; villains ou paysans en état servile, cottiers ou hordarii s’ils sont en possession de toutes petites terres seulement.

En suivant ces classes depuis les temps les plus anciens on se demande si tout l’état féodal ne serait pas aussi bien le résultat de l’ancienne constitution en tribus que le résultat des traditions romaines.

Il y a moins d’interruption dans le déve- loppement qu’on le croirait d’après un examen superficiel. Même la situation misérable des petits tenanciers irlandais des temps modernes s’expliqueparuneconséquencenon seulement de la conquête anglaise, achevée à l’époque d’Elisabeth à Cromwell, mais encore d’une ancienne dépendance  ; les nou- veaux lords ne font que remplacer les anciens chefs. Il est bien naturel que les décisions des juges anglais, qui voulaient accorder, dans les clans, des droits de propriété aux membres subordonnés qui n’avaient que des droits d’héritage très précaires (les terres étant continuellement redistribuées par les tanistes ou successeurs des chefs), n’aient pas pu être maintenues, et de nouveaux faits, tels que l’ab- sence des grands propriétaires (absentéisme), et l’introduction de la pomme de terre n’ont qu’aggravé l’ancien état de misère. La condi- tion des petits tenanciers dans les Highlands écossais était de même fort incertaine dès l’ancien temps  ; c’était, là aussi, un résultat de la constitution toute militaire du clan, et de la médiocrité où ils étaient tombés, en devenant moins nécessaires  ; leur situation devint, par là même, plus pénible, lorsque le clan guerrier disparut pour faire place au régime économique moderne.

Dans plusieurs pays, les idées des juristes contribuent à abaisser la condition des pay- sans. Voyez Gierke et autres pour l’Alle- magne, et aussi, en Angleterre, la discussion sur l’influence des juristes normands.

Dans le xu^ siècle, beaucoup de paysans bénéficient d’une meilleure condition. Ceux surtout qui sont fixés sur les propriétés de l’Église paient souvent des redevances fixes, et celles-ci leur deviennent très profitables par le fait que la valeur des fermes aug-


RURALES (