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CLASSES)


castes léguées par h  : moyen âge se produit à la suite du mouvement qui eut lieu en France et dont la Révolution marqua l’apogée. Quelques princes devancèrent la Hévdlution, comme le mart :rave de Hade CIki ries-Frédéric, le prince héréditaire Frédéric de Danemark, et surtout l’empe- reur d’Autriclu’ Joseph IL Dans l’Allemagne occidentale, les réformes succèdent aux vic- toires et aux conquêtes françaises. D’autre part, il y eut des princes qui, après la chute de la domination nai)oléonienne, revinrent sur quelques-unes de ces réformes, comme les princes de liesse et de llanuvre  ; mème-Iérùme, en Westphalie, recula au moment d’en exé- cuter certaines. Après la victoire, en 1830, du libéralisme en France, les réformes repri- rent leurs cours, d’abord avec modération  ; puis elles revêtirent une couleur diflérente avec les tendances générales qui régnaient, en 1848, et dans les années suivantes, et aussi avec le caractère général du gouver- nement du pays. Ce n’est pas seulement dans les Étals dont le gouvernement est démocra- tique et révolutionnaire que l’on rencontre des mesures radicales et violentes  ; parfois des gouvernements autocratiques ne restent guère en arrière, sous ce rapport, et forment aussi un contraste nettement marqué avec les pays vraiment libéraux tels que l’.Vngleterre, les Pays-Bas et la Belgique. Et la différence ne consiste pas seulement dans le peu de réformes que comportent ces pays libéraux, si on les compare à ceux qui demeurent sous le pouvoir autocratique, ou qui tombent, de ce pouvoir, dans les révolu- tions  ; même lorsque, dans ces pays libéraux, on s’en prend à quelques vestiges du moyen âge, on ne les attaque pas avec la même in- transigeance que dans les États autocratiques ou révolutionnaires  ; l’esprit des gouverne- ments y est tout autre.

Dans les pays méridionaux, où la civili- sation est plus ancienne, l’atlranchissement des personnes et des terres y est d’ordi- naire plus ancienne aussi  : en Italie et dans le midi de la France, le servage a, par exemple, en règle disparu dès le xiir- siè- cle  ; aussi n’est-ce que des réformes par- tielles qui s’y produisirent dans la seconde moitié du xvni"^ siècle. Déjà alors et de même dans ce siècle, ce sont particulièrement les grandes possessions de mainmorte, notam- ment celles de l’Eglise, de la mobilisation des- quelles on a dû s’occuper dans les pays méri- dionaux. Dans l’Europe du Centre et du Nord, c’est l’ensemble des institutions que ron réforme, et l’ensemble des relations existantes entre les personnes et les terres. Ces réformes commencent souvent par abolir l’ancienne


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communauté de village»  ; bient<H elles atta- quent certaines redevances injustes ou peu économiques, telles que la corvée dontlesser- vices étaient souvent indéterminés, les dîmes, le droit de chasse, etc.  ; puis elles arrivent à s’ocl’uper de la dépendance personnelle et des formes de la l’-nure, que l’on désire transformer surtout en propriété. Presque toujours il y eut nombre d’autres réformes à entreprendi’c, telles que construction de rou- tes, f tablissement d’institutions de iréilit et d’écoles, etc. La destruction s’exeiea sur les anciennes classes, telles que le moyen âge les avait léguées.

La question la plus grave était celle de la Jépciidanic personnelle  ; nous avons déjii indiqué la grande différence de sens que pouvait présenter, selon les lieux oii il était employé, le mot de servage. Dans la plupart des territoires de l’Allemagne occidentale, par exemple, et plus encore dans certaines provinces des P ;iys-Bas et de la Belgique, ainsi qu’en France, le servage ne consistait qu’en vestiges de ce que signifiait proprement le nom  : l’obligation pour un membre de la famille de rester sur la ferme, pour les adultes de prendre du service chez le maitre et de demander la permission de celui-ci pour contracter mariage, se transfor- mait, dans la pratique, en paiements de petites sommes. Les droits à payer en cas de décès étaient les plus importants  : toutefois ce n’était qu’à titre exceptionnel que certains seigneurs, comme dans le .Munster, le Minden et le Ravensberg, avaient droit à une moitié de la propriété mobilière du paysan après sa mort, moitié dont le paysan ne pouvait, en conséquence, non plus disposer librement pendant sa vie. La situation était cependant toute différente dans les provinces orientales de la Prusse, où le grand propriétaire pouvait réellement, notamment au moyen des corvées, Frohn’len, disposer de presque toutes les for- ces des paysans dépendants, et où surtout les L’.issiten, Lassbauern, vivaient dans un état précaire. Un troisième régime gouvernait quelques pays sur les côtes de la Baltique, le Holstein oriental, le Mecklembourg et la Poméranie suédoise ainsi que les provinces, baltiques russes où l’on allait, dans quelques cas. jusqu’à dénier aux serfs tout droit à une véritable propriété et même jusqu’à les vendre. Dans les provinces baltiques, le ser- vage était plus dur en Courlande, où avait régné la législation polonaise, qu’en Livonie et Esthonie, où le régime suédois avait été favorable aux paysans. Mais la situation y était cependant bien différente encore de celle qui existait dans la Grande Russie où, le plus souvent, le servage consistait bien


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