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KKALES


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cr :iiF.ALKS


«1 Je ne piétcnds pas, ajoutait M. I^e>age, que ce soit là le prix de revient moyen. Évidem- ment, il y a des cas où il s’élève à 20 francs et même peut-être au delà ; j’ai fait moi- même du blé dont le prix de revient a dé- passé la moyenne que je viens d’indiiiuer ; mais enlin, on ne peut pas dire d’une far ;on générale et absolue  : le blé coûte tel prix ; c’est absolument impossible ! et moi qui faisla culture du blé depuis ’M ans, je déclare qu’il ne m’a jamais coulé 20 francs l’hectolitre. »

Si, dans cet exemple, on néglige la valeur de la paille, le blé revient encore seulement à 14f^37 l’hectolitre, mais dans nos cultures la paille reste un élément du produit et il n’y a pas lieu de la négliger. En Russie ou en Amérique il en serait autrement.

Prenant comme prix de revient normal dans nos bonnes cultures le chiffre arrondi de 320 francs par hectare de blé qui est plutôt exagéré, les rendements, donnés par les études précises et les meilleures mono- graphies de fermes que l’on ait aujourd’hui S varient autour de 2o quintaux métriques, soit 31 à 32 hectolitres. En ce qui concerne l’avoine, la notion du prix de revient exact, si difficile qu’elle soit à établir, reste satisfaisante, la culture reste lucrative indubitablement.

Dans l’enquête parlementaire de 1884, le prix de revient d’un hectare de blé est fixé à 30o francs, pour les cultures françaises inten- sives, à i-2’6 francs ; pour le Dakota, à 111 fr. seulement par Clare Read et Albert Pell ; les rendements américains ne sont pas supérieurs en moyenne à 1 i hectolitres par hectare.

Voici encore un autre exemple précis, pris en Seine-et-Oise, que nous empruntons à M. D. ZoUa-. Le détail du compte blé dans la ferme dont il s’agit s’établit ainsi (année 1884)  :

Frais à l’hectare. L^ljours, hersage, roulage, ense- fr.

• , ■ » » ^ mencement Ty.47

Mise ea terre. .... . ,„

i humier 1?0.09

- Seraence 44.41

ÉcliurUonnage 0.72

• Moyetles, fauchage, liage 42.4 :2

i Liens 9.40

Récolte Battage 45 51

I Hentrée et meules 23.80

Traosport (grains et paille ;) 40.13

Frais de route et recouvrement. . . 2.05

Impôt personnel et prestations... 1.31

1 Fermage (Impôt foncier à la charge

, \ Ju propriétaire"» 114.30

hiai- i.’t-aeraux 1 ,_ ’ . ’^ , ,, ,, , .„

, . ■• ,• lu’paratioris (le I outillage o.2o

de réalisation. . ,, | . , ,, .,, .* ...

i Kabais de 1 outillage a 1 inven-

[ taire 0.32

Commis, entretien de bâtiments,

assurances et menus frais 50.71


J’ro’Juctioii II [hectare.

Grains 3.1 hectolitres à l’i fr. 15 ou 2690 kilogs à

13 fr. 94 le quintal 510.6»

l’aille 1155 bottes de 5 kil. y à 20 fr. 3C 339.22


849.90


Total 010.50

1. Voir notamment les belles monographies publiées en liS95 par F. Couvert dans le Journal d’uyriculture pratique  : la ferme de Fresnes  : le domaine de la Manderie.

2. Daniel Zolla, Études d’économie rurale. Paris, 1896.

SLPPLÉMEXT.


Bénéfice à l’hectare 239.31

l’rii de revient de l’hectolitre de blé après déduction

de la valeur des pailles 8.22

Les prix de revient calculés d’après la même méthode depuis 1884 jusqu’en 1893 sont les suivants dans cette même ferme.


fr.

8,26 9.73 9,39 8,40

10,87


1884

1S85

1886

1S87

1888

1889 12,38

1890 11,17

1891 |.i,92

1893 0,86

Ces chiffres, on le voit, n’ont rien d’alarmant pour notre agriculture et ne justifient guère les relèvements excessifs des tarifs de douane auxquels toutes les nations européennes (ou presque toutes) ont eu recours depuis 1883. Les fermes à culture moins intensive, où les rendements sont plus faibles, font aussi de moindres dépenses, en vue de la récolte, les labours de préparation sont moins parfaits, la fumure est moins abondante, etc. ; toutes conditions qui tendent à rétablir l’équilibre entre les prix de vente et les prix de revient réels.

Ces conclusions posées a priori, sur le simple examen de la notion des prix de re- vient, contrarient bien des idées, considérées comme principes économiques par nos agri- culteurs. Il reste à les compléter, les corro- borer par le contrôle que nous ferons très rapidement des prix de vente.

Rien n’est plus changeant, plus variable que les prix de vente des céréales, mais au moins leur détermination n’est sujette à au- cune discussion, les mercuriales des marchés en font foi, au même titre que la cote de la bourse des valeurs mobilières fixe la valeur d’échange de ces dernières. Voici, par exem- ple, les prix comparés à un même jour (24 avril 189G) par quintal métrique sur les principaux marchés du monde avec l’indica- tion des droits dans chaque pays intéressé \ . le tableau, p. 66).

Les marchés américains mis â part — ce sont les pays exportateurs — les différences accusées par ce tableau correspondent à deux facteurs  : premièrement, les droits protecteurs pour Paris, Berlin, Vienne  ; ces différences sont proportionnelles aux droits de douane sinon égales à ces mêmes droits. Il ne faut