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— 72 — CIRCULATION MONÉTAIRE


dans la propriété autre chose qu’une insti- tution, qu’un fait conventionnel. Dans le premier en date de ses écrits économiques, Riche ou pauvre, qui est un exposé des phé- nomènes de distribution, et où les maux ré- sultant de l’inégalité sont dépeints sous les couleurs les plus sombres, il n’hésite pas à mettre ces maux sur le compte de l’appro- priation du sol. Il irait volontiers jusqu’à l’abolir, jusqu’à reconnaître à tout l’ensomble des fonds productifs un seul maître, l’État, qui les aiïermerait aux capitalistes privés, qui deviendrait ainsi le percepteur de la rente. etqui supprimerait alors tous les impôts par- ce qu’elle lui en fournii’ait l’équivalent.

Mais ni dans cet écrit, ni ailleurs, il ne va plus loin, et il ne tire point de ces pi’émisses les conclusions plus étendues et plus radicales que les socialistes en atten- draient. Nulle part il ne cherche dans l’om- nipotence de l’État le remède aux plaies de la société. Bien loin de vouloir apporter des restrictions à la liberté individuelle, il s’ef- fraie des dangers que l’exagération de l’es- prit démocratique lui fait courir. Il redoute la tyrannie de la multitude et compte avant tout sur le dévouement des classes éclairées pour faire régner l’ordre et assurer le véri- table progrès. C’est surtout dans l’Essai sur les causes de la misère que cette tendance est visible. Il y montre la stérilité de l’action gouvernementale pour combattre la misère, il ne fait fond que sur l’action individuelle s’exerçant d’homme à homme au moyen du patronage dont il étudie le rôle dans la propriété agricole, dans l’industrie et dans les associations libres. Il avait parlé autre- fois en précurseur d’Henri George  : c’est maintenant à Leplay et à son école qu’il fraie la voie.

Dans son Précis de la science économique, il prend nettement la défense de la propriété héréditaire, non pas qu’il ait cessé d’y voir une cause qui aggrave l’inégalité, mais parce que, à ses yeux, les avantages en dépassent de beaucoup les inconvénients. Cet écrit, le dernier qui soit sorti de sa plume, est une œuvre calme et sereine, d’une grande hauteur de vues. Les domaines de la théorie et de l’application, ainsi que leurs points de vue respectifs, y sont nettementdélimités. Jamais l’économie politique n’avait été traitée dans une langue mieux appropriée, ni avec un esprit d’analyse plus pénétrant, ni avec une probité scientifique plus rigoureuse. Les chapitres sur le commerce international, sur la théorie du protlt et sur celle de la rente, en sont les parties les plus originales. Si les petits écrits polémiques de Cherbuliez pâlissent un peu à côté de ceux de Bastiat,


dont ils n’égalent pas la verve ni la couleur, ils n’en sont pas moins à recommander pour leur vigueur et leur précision. En particulier, celui qui est intitulé  : Le socialisme c’est la barbarie, et qui fut publié au lendemain de la révolution de Février, mérite de ne pas tomber dans l’oubli, car les utopies qu’il combattait reparaissent aujourd’hui, àpeine déguisées sous des noms nouveaux.

Ce qui distingue en général tous les écrits de Cherbuliez, c’est l’absence complète de la déclamation, des phrases à etîet, des clichés. Sur la tombe de ce penseur original et austère on a pu dire sans exagération  : « Il n’eut qu’une aml)ition  : chercher la vérité, la con- naître et la dire ».

Â. ACHARD.

CIRCULATION MONÉTAIRE.

SOMMAIRE

1. Pays à étalon d’or.

2 Pays à étalon d’argent.

3. Pays à billets inconvertibles et à argent de

valeur arbitraire.

4. L’agio sur l’or.

5. Le rôle du crédit.

6. Les paiements dans le commerce international.

7. Ecoles de Banking et de Currency •

8. Discussion moderne.

9. L’or comme étalon.

10. Réglementation par le taux d’escompte.

1. Pays à l’étalon dor.

A l’heure actuelle, l’étalon monétaire, dans les pays les plus importants, estFor. Depuis qu’on a suspendu la frappe libre de l’argent, en Allemagne (1871 et 1873), en Scandinavie fpar des conventions entre les trois pays 1873 et 18T.S). en Hollande (suspension en 1873, suivie de l’établissement de l’étalon d’or en 187o’i, en Finlande M877i, et, dans la même période, dans l’Lnion latine (spécialement en 1873), et enfin aux États-Unis (1873), tous ces pays doivent être rangés dans la même catégorie que l’Angleterre, puisqu’ils ont comme elle une circulation monétaire basée exclusivement sur la valeur de l’or.

Le système de la métropole règne dans la plus grande partie des colonies anglaises, en Australie et dans la Nouvelle-Zélande, dans l’Afrique du Sud, à Chypre, à Malte et dans plusieurs autres îles. Le Canada a l’étalon d’or, mais avec un dollar égal à celui des États-Unis (4.866, convertible en un sove- reign comme unité  : il n’a cependant pas d’hôtel des monnaies, et c’est principalement du papier que l’on y voit en circulation, avec (juelques monnaies d’or britanniques et amé- ricaines. Les gouvernements ont même émis dos billets de 20 cents ou 2 fr. 30. A Terre- Neuve, on a, de même, de l’argent et des bil-


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