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exprimèrent leur opinion pendant l’Knquèto de 1807. On n’imita pas non plus, en [-’rance, le système anf^lais  : on réserva, au contraire, à la {{aiique, la liljerté d’étendre ou de di- minuer la (luaiitité des billets. On le lit en Autrielie-lIoiif,’rie par la loi de M. von l’icner, I8G2, tandis que, dans l ;i plujtart des autres j)ays, on modifia, du moins, considérable- ment la théorie en rendant élasticjues les limiles d’émission, à condition de payer au < ;ouverncment un impôt élevé. En réalité, le système ordinaire, consistant à couvrir l’émission par une certaine proportion de mêlai précieux, un quart, un tiers, ou même la moitié, est pourtant plus exigeant que le système anglais des théoriciens de la cir- culation (V. Ha.nql’Es).

En Allemagne, les principes les plus im- portants sur la nature de la circulation fi- duciaire furent bien posés par M. Nebenius ancien ministre de Bade, auteur de la Cons- titution de 1818, de la réforme des impôts et <lcs écoles du pays, et l’un des créateurs de l’Union douanière de l’Allemagne), dans son excellent livre, Der offentliche Krcdit, 1820, publié sous une forme plus étendue, avec le titre  : Ueber die Natur und Ursachen des ôffent- Ikhen Kredits, den Staatsunlcihen, etc., 1829  ; il exagère, cependant, la nécessité de couvrir les billets par du métal, comme la Currencxj School en Angleterre. Plus tard, on discute, pendant quelque temps, plutôt sous d’autres formes, la liberté des banques (Telllcampf, von Unruh,Karl Braun, par exemple)  ; mais après la crise de 1857, et sous la tendance à l’unité allemande, il y a de nouveau un retour à trop regarder les billets comme remplaçant le métal et comme suivant d’autres lois que les autres formes de crédit de circulation, spécialement les chèques. On trouvera notamment cette tendance chez les excellents libres-échangistes berlinois. Prince Smith, Julius Faucher et Otto Michaëlis (en 1803-Gi et eu 1873, par exemple). Même M.Knies, de Heidelberg (dans Das Geld, 1873, et dans ses autres écrits sur le crédit), et l’ingénieux Theodor Hertzka, de Vienne {Wdhrung und Handcl, en 1876, et Gesetze der IIandels~und Socialpolitik, 1880), n’en sont pas exempts. D’autre part, von Helferich, le dis- ciple du grand économiste von llermann, accentue, à l’occasion des variations du papier-monnaie en Autriche-Hongrie, l’in- fluence que la conliance exerce à côté de celle qu’exerce la quantité. Ue même Adolphe Wagner, de Berlin, et Erwin Nasse représentent plutôt les idées de la Banking School. Personne n’a mieux démontré le caractère des dépôts en banques sur lesquels on tire des chèques, •comme partie des moyens de circulation, que

SUPPLÉMENT.


ne l’a fait. M. A. Wagner, alors qu’il était encore économiste orthodoxe, dans ses ouvrages  : lieilrage zu der Lehre vun den Hanken, 1867  ; et encore  : Geld-und Krcdilthcorie der l’eclschcn liankacte, rapport écrit pour le gouvernement d’Autriche-Hongrie  ; Sijstein der Zettelhank- politik, 1873  ; ainsi que dans plusieurs articles liul)liés dans les encyclopédies allemandes. Hichard llildebrand, dans Die Théorie des Geldes, 1883, pense que la plupart des auteurs, depuis Hume, Smith et lïicardo jusqu’à Gilbart et Stuart Mill, ont trop considéré la monnaie comme une marchandise  : son augmentation n’influe pas immédiatement sur les prix, mais seulement sur le marché monétaire, où il faut distinguer, d’une part, le capital disponible, sous forme de monnaie ou de choses qu’il est facile d’échanger contre de la monnaie, et, de l’autre, les capi- taux placés d’une manière fixe  ; ce sont le change et l’escompte qui sont influencés, et la circulation ne l’est indirectement que par là. Ces différences, d’après M. llildebrand, ont été le mieux comprises par certains au- teurs français, de Turgotà Courcelle-Seneuil. La discussion se ranime encore dans d’au- tres pays  ; ainsi aux Etats-Unis, iors de la discussion sur l’organisation des banques d’émission, où M. Horace White notamment représenta les idées de la Banking School. En Angleterre, il faut encore citer spécialement, comme auteurs qui ont contribué à défendre les idées exactes sur la circulation et l’émis- sion, Stanley Jevons (V. Jevons) et H. U.Mac- leod, ancien avocat commercial et directeur de banque, qui explique, dans ses nom- breux écrits, avec une grande force, la poli- tique correcte du taux d’escompte  : il con- seille de l’élever ou de l’abaisser d’après les indications d’efflux ou d’afflux fournies par le cours du change étranger, et de l’abaisser parfois en cas de nécessités intérieures mo- mentanées. Pour les billets, Jevons pense, avec Smith, Ricardo et Mill, comme plus tard Inglis Palgrave, que la convertibilité suffit pour les maintenir dans de justes limites.

Le Bank-act a été condamné par l’expé- rience  : on fut obligé de le suspendre pen- dant les crises de 1847, de 1837 et de 1806  ; cet acte d’ailleurs, oblige aussi à des modi- fications trop fréquentes et non nécessaires du taux de l’escompte, et il a, d’autre part, permis aux directeurs de s’endormir alors qu’il aurait fallu prévoir les mouvements et les crises. Il faut admettre que le monopole même de la Banque n’a pas été victorieuse- ment défendu contre les auteurs qui l’atta- quaient et qui le comparaient avec le système écossais de quelques grandes banques, fortes

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CIRCULATION