Page:Sayous - Jésus-Christ d’après Mahomet.djvu/22

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sang des victimes qui coule en se ramifiant sur les hauts lieux consacrés à Ozza et à Nassr ; j’en jure par la prière que les cénobites adressent dans leur temple au cénobite des cénobites, le Macih fils de Mariam »[1]. Ainsi, chose plus importante comme valeur religieuse, les poètes Nabigha et Labyd employaient un langage non seulement monothéiste, mais en partie chrétien, en disant, l’un qu’il n’y a pas d’autre voie que Dieu, l’autre que Dieu conduit qui il veut dans les sentiers du bien et du mal, mais que Dieu est fidèle et que tout le blâme est pour l’homme.

C’étaient là des juxtapositions de coutumes ou d’idées chrétiennes. Il y avait d’autre part de véritables sectes, probablement peu nombreuses, mais importantes par leur influence sur des hommes tels que fut Mahomet. Excepté celle des Rakousiens, variété du monophysitisme quelque peu mêlée d’ébionitisme, qui venait sans doute par Nadjran de la vallée du Nil, toutes étaient des sectes judéo-chrétiennes de Syrie ayant revêtu en Arabie, par suite du caractère et des vieilles idées des habitants, une forme plus ou moins spéciale.

Il en est une, celle des Sabéens, que Mahomet a envisagée comme une religion à part, et monothéiste : « Ceux qui croient, et ceux qui suivent la religion juive, et les chrétiens, et les sabéens, en un mot quiconque croit en Dieu… »[2]. Qu’était-ce que ces Sabéens ? De nombreuses raisons, dont la principale était l’horreur de Mahomet pour l’idolâtrie, s’opposent à ce qu’on voie en eux les sectateurs

  1. Fresnel, Lettres sur l’Histoire des Arabes avant l’Islamisme, 1ère lettre, Paris 1836.
  2. Sourate II, v. 59. Nous employons pour le Coran la traduction de M. Kasimirski, nouv. éd. Paris 1877.