Page:Sayous - Jésus-Christ d’après Mahomet.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que Sprenger appelle son Mentor, et sur lequel nous reviendrons, avaient eu sous la main et compulsé à chaque instant une édition ou traduction quelconque de l’Ancien et du Nouveau Testament, ou des évangiles apocryphes, le résultat eût été presque le même que si Mahomet l’avait lue de ses propres yeux.

Nous disons : les livres canoniques ou apocryphes. En effet les preuves abondent que Mahomet n’a pas eu à sa disposition le texte de notre Écriture Sainte. D’abord rien ne prouve qu’il existât alors une Bible en Arabe[1], sans qu’on puisse pourtant affirmer le contraire ; et en admettant même qu’il en eût existé quelques exemplaires dans telle ou telle partie de l’Arabie, rien ne prouve qu’il y en eût dans le Hedjâz et dans l’entourage de Mahomet. Mais il y a plus. N’indiquons que pour mémoire les anachronismes dont le Coran fourmille relativement aux histoires de l’ancienne alliance, le prétendu retour des Israélites en Égypte[2], le désordre affreux dans la chronologie des prophètes[3], toutes

  1. Nöldeke, Geschichte des Qorâns, I, 1. — La traduction arabe du Nouveau Testament faite sur la traduction copte a été composée ultérieurement, pour les Égyptiens qui ne savaient plus le copte (Bleek). Sait-on quelque chose de positif sur la date de la traduction faite d’après le syriaque, et sur sa diffusion ? Quant au texte de Théodoret sur l’Ancien Testament (Hebraici libri non modo in Graecum idioma conversi sunt, sed in Romanam quoque linguam, Aegyptiacam, Persicam, Indicam, Armenicam et Scythicam, atque adeo Sauromaticam, semelque ut ita dicam in linguas omnes, quibus ad hanc diem nationes utuntur), on peut bien accorder au Rev. Mühleisen-Arnold qu’il n’exclut pas une traduction arabe, mais non pas qu’il l’affirme.
  2. S. XXVI, v. 57–59.
  3. Voici dans quel ordre ils sont présentés S. VI, v. 84–86 : David, Salomon, Job, Joseph, Moïse, Aaron, Zacharie, Jean Baptiste, Jésus, Élie, Ismaël, Élisée, Jonas, Lot. Cet ordre n’est probablement pas intentionnellement chronologique, mais il est clair que des personnes familières avec le texte de la Bible n’iraient jamais l’imaginer.