Page:Sayous - Jésus-Christ d’après Mahomet.djvu/58

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qu’Énoch, Élie ont été enlevés au ciel, et que quant à la naissance miraculeuse elle n’était pas pour cela divine, elle était simplement angélique (Voir notre chapitre cinquième). Toute idée de filiation divine est donc nettement écartée, et non pas comme on l’a dit, la notion d’adoption divine, d’adoptianisme, variété dogmatique que Mahomet n’a pas connue, et contre laquelle, Gerock le remarque avec raison, il ne se serait pas tellement indigné.

La Trinité est naturellement combattue avec vivacité ; de plus elle est beaucoup plus mal comprise, et nous arrivons à l’une des plus étonnantes erreurs de Mahomet, celle qui porte sur la troisième personne. Voyons, avant de la signaler, comment il traite l’idée même de Trinité : « Infidèle est celui qui dit : Dieu est un troisième de la Trinité, pendant qu’il n’y a point de Dieu si ce n’est le Dieu unique. S’ils ne cessent pas… certes, un châtiment douloureux atteindra les infidèles ».[1] Ce verset et les passages parallèles presque identiques montrent déjà que le prophète arabe se méprenait sur la doctrine de l’Église ; il confondait la Trinité avec ce trithéisme qui a surgi, à diverses époques des querelles séculaires sur la nature de Christ, et qui venait de se manifester dans la subtile argumentation de Philoponus.[2] C’est ici qu’il est utile de

  1. S. V, v. 77 ; S. IV, v. 169 ; S. XXIII, v. 93.
  2. Leontius Byzantinus, De sectis, actio V, ch. 6 : Motum fuit dogma Tritheitarum : cujus sectae princeps Philoponus exstitit. Quoniam enim objiciebat Ecclesiae, si duas in Christo naturas diceret, necessario quoque duas hypostases confessuram : respondebat Ecclesia, quaenam illa sortitio fuerit, ut naturas duas statuentes omnino duas quoque confiteamur hypostases ? Ei respondebant haeretici plane idem esse naturam et hypostasim. Vicissim Ecclesia dicere, si natura et hypostasis idem sint, etiam in sancta Trinitate naturas tres esse dicendas ; cum in confesso sit, eas tres hypostases habere. Haec