Page:Sayous - Jésus-Christ d’après Mahomet.djvu/82

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Pentateuque et l’Évangile n’avaient pas nettement l’apparence de s’être occupés de lui, changea de front de bataille, et se mit à accuser les Juifs, et même les Chrétiens, d’avoir supprimé de leurs livres sacrés les passages destinés à annoncer sa venue : « Un certain nombre d’entre eux obéissaient à la parole de Dieu, mais par la suite ils l’altérèrent après l’avoir comprise, et ils le savaient bien. S’ils rencontrent les fidèles, ils disent : Nous croyons ; mais, aussitôt qu’ils se voient seuls entre eux, ils disent : « Raconterez-vous aux Musulmans ce que Dieu vous a révélé, afin qu’ils s’en fassent un argument contre vous ? » Ignorent-ils donc que le Très-Haut sait ce qu’ils cachent comme ce qu’ils produisent au grand jour ? […] Malheur à ceux qui, écrivant le livre de leurs mains corruptrices, disent : « Voilà ce qui vient de Dieu » pour en retirer un bénéfice infime ! Malheur à eux, à cause de ce que leurs mains ont écrit, et à cause du gain qu’ils en retirent ! » et ailleurs : « Ne revêtez pas la vérité de la robe du mensonge ; ne cachez point la vérité quand vous la connaissez »[1]. Ainsi, tout à l’opposé de certaines écoles modernes qui voient partout des interpolations, le prophète arabe, devenu dans cette circonstance comme dans beaucoup d’autres un audacieux imposteur, voyait partout des suppressions pratiquées à son détriment dans le texte des Écritures.

C’était du reste implicitement reconnaître que les livres sacrés, juifs et chrétiens, dans leur teneur actuelle, ne renfermaient pas grand chose sur quoi sa doctrine et sa mission pussent s’appuyer. Mais après lui[2], qu’arriva-t-il ? La

  1. S. II, v. 70—73 et 39.
  2. Pas tout de suite il est vrai, car Jean Damascène contemporain de la troisième génération musulmane (p. 112 de l’éd. Lequien),