Page:Sayous - Jésus-Christ d’après Mahomet.djvu/84

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prophétie messianique est un emprunt évident à la théologie chrétienne.

Prenons d’abord les livres de Moïse. La Genèse ne prédit que d’une manière générale la grandeur de l’Arabie lorsque Dieu dit à Abraham : « Je t’ai aussi exaucé touchant Ismaël : je le bénirai et je lui donnerai une postérité très-grande et très-nombreuse »[1]. Mais le Deutéronome est plus précis lorsque le Seigneur dit à Moïse : « Je leur susciterai un prophète du sein de leurs frères, semblable à toi, et je mettrai mes paroles en sa bouche, et il leur dira tout ce dont je le chargerai »[2]. On peut se demander ce que Mahomet et les Arabes peuvent trouver dans ce passage, invoqué de tout temps par l’Église chrétienne comme une annonce de Jésus-Christ. Voici : Ismaël ayant été le frère d’Isaac, les Arabes, sa postérité, étaient les frères du peuple d’Israël, et c’est bien de leur grand prophète qu’il est question. Ce verset du Deutéronome a l’avantage de concorder avec un verset du Coran, dans lequel Abraham et Ismaël disent à Dieu : « Suscite au milieu d’eux un envoyé pris parmi eux, afin qu’il leur lise le récit de tes miracles, leur enseigne le Livre et la sagesse, et qu’il les rende purs »[3]. Il est fort peu probable que Mahomet ait établi un rapprochement conscient, par ces paroles, entre son Livre et le Pentateuque : il avait en dehors de cela un intérêt bien suffisant à se recommander d’Abraham et d’Ismaël, ce qui était depuis longtemps une de ses grandes préoccupations. Il est plus probable que nous avons affaire à un rapprochement tardif et scolastique.

  1. Genèse XVII, 20.
  2. Deutér. XVIII, 17, 18.
  3. S. II, v. 123.