Page:Sayous - Jésus-Christ d’après Mahomet.djvu/92

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matiques que l’on peut apprécier si une doctrine est chrétienne : cela est important, mais cela n’est pas tout. Il est un certain sentiment de l’humanité et de Dieu, difficile à définir, mais qui se passe de définition, et qu’on peut appeler le sentiment chrétien. Ce sentiment existe plus ou moins fort chez les chrétiens les plus déplorablement éloignés de toute doctrine précise ; il est absent de l’esprit et du cœur musulmans. Mais surtout il est une condition indispensable pour qu’un enseignement religieux rentre dans l’ensemble chrétien, c’est qu’il proclame que Jésus-Christ est le Maitre, qu’il est supérieur à tous les autres guides, à tous les autres conseillers, à tous les autres modèles ; il n’est pas un parti chrétien qui ne proclame cela hautement ; il n’en est pas un pour qui l’Évangile, inspiré ou non, ne soit le premier des livres. Or le musulman proclame au contraire qu’il y a un livre plus récent que l’Évangile et supérieur à lui, le Coran ; il proclame que six siècles après Jésus-Christ est venu un prophète inférieur à quelques égards, notamment par sa naissance, mais moralement et religieusement supérieur, Mahomet. C’est celui-là le Maître, et Jésus n’est qu’un maître. Aussi regardons-nous l’Islamisme comme une des trois grandes religions monothéistes, à part des deux autres mais non pas indépendante, car sans elles jamais elle n’aurait existé.