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D’UNE CHATTE ANGLAISE.

qui me plut tant, que je m’y attachai, contre toutes nos habitudes. Nous ne nous quittâmes point, et je pus observer le grand monde à Londres pendant la saison. C’est là que je devais étudier la perversité des mœurs anglaises qui s’est étendue jusqu’aux Bêtes, y connaître ce cant que lord Byron a maudit, et dont je suis victime, aussi bien que lui, mais sans avoir publié mes heures de loisirs.

Arabelle, ma maîtresse, était une jeune personne comme il y en a beaucoup en Angleterre : elle ne savait pas trop qui elle voulait pour mari. La liberté absolue qu’on laisse aux jeunes filles dans le choix d’un homme les rend presque folles, surtout quand elles songent à la rigueur des mœurs anglaises, qui n’admettent aucune conversation particulière après le mariage. J’étais loin de penser que les Chattes de Londres avaient adopté cette sévérité, que les lois anglaises me seraient cruellement appliquées et que je subirais un jugement à la cour des terribles Doctors commons. Arabelle accueillait très-bien tous les hommes qui lui étaient présentés, et chacun pouvait croire qu’il épouserait cette belle fille ; mais quand les choses menaçaient de se terminer, elle trouvait des prétextes pour rompre, et je dois avouer que cette conduite me paraissait peu convenable. « Épouser un Homme qui a le genoux cagneux ! jamais, disait-elle de l’un. Quant à ce petit, il a le nez camus. » Les Hommes m’étaient si parfaitement indifférents, que je ne compre-