siens souffraient de la faim ; par un beau matin, ils prirent leur courage à deux pattes, et s’en allèrent implorer l’obligeance d’un de leurs voisins, un Cochon gros et gras, dont l’étable regorgeait de glands, d’orge et de légumes. Eh bien ! qu’arriva-t-il de cette démarche ?
Mon Dieu ! je le sais aussi bien que toi, ce qui arriva… Réveillé par leurs gémissements, monseigneur le Cochon parut à la fenêtre de son étable et leur dit d’un ton bourru : « Quel est ce bruit et que veut cette canaille ? — La charité, s’il vous plaît, monseigneur ! répondirent-ils tous à la fois. — Allez au diable ! repartit le Cochon, je n’ai pas de trop pour moi. »
Et puis, le lendemain, le cadavre de Ratapon et des siens jonchaient la campagne… le désespoir et la faim les avaient tués !…
Le désespoir et la faim ?… Ne fais donc pas de poésie… c’est la mort-aux-rats que tu veux dire. Ils ont eu la mauvaise chance de tomber sur des boulettes d’arsenic ; ils les ont gloutonnement, imprudemment avalées : ils en sont morts. Quoi de plus simple !
Quoi de plus simple, en effet, que la mort ! N’est-ce pas notre lot, à nous, à nous que menacent sans cesse et les chats, et le poison, et les piéges, et les appâts !