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D’UN MOINEAU DE PARIS.

appuyée à l’Hôtel de Ville, l’aile gauche à la Madelaine et le centre aux Tuileries.

Les Moineaux privilégiés, excessivement effrayés de cette démonstration, se virent perdus : ils allaient être chassés de toutes leurs positions et refoulés sur les campagnes où la vie est très-malheureuse. Dans ces conjonctures, ils envoyèrent une élégante Pierrette pour porter aux insurgés des paroles de conciliation : — Ne valait-il pas mieux s’entendre que de se battre ? Les insurgés m’aperçurent. Ah ! ce fut un des plus beaux moments de ma vie que celui où je fus élu par tous mes concitoyens pour dresser une charte qui concilierait les intérêts des Moineaux les plus intelligents du monde, divisés pour un moment par une question de vivres, le fonds éternel des discussions politiques.

Les Moineaux en possession des lieux enchantés de cette capitale y avaient-ils des droits absolus de propriété ? Pourquoi, comment cette inégalité s’était-elle établie ? pouvait-elle durer ? Dans le cas où l’égalité la plus parfaite régirait les Moineaux de Paris, quelles formes prendrait ce nouveau gouvernement ? Telles furent les questions posées par les commissaires des deux partis.

— Mais, me dirent les Friquets, l’air, la terre et ses produits sont à tous les Moineaux.

— Erreur ! dirent les privilégiés. Nous habitons une ville, nous sommes en société, subissons-en les bonheurs et les malheurs. Vous vivez encore infiniment mieux que si vous étiez à l’état sauvage, dans les champs.