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VOYAGE

du Loup, qui se compose d’un millier de Loups. Songe, Moineau, que nous n’avons rien pris depuis deux mois.

— Rien ? lui dis-je, pas même un prince russe !

— Pas même un Tarpan ! Ces gueux de Tarpans nous sentent de deux lieues.

— Eh bien, comment ferez-vous ? lui dis-je.

— Les lois de la république ordonnent aux jeunes Loups et aux Loups valides de combattre et de ne pas manger. Je suis jeune, je laisserai passer les Femmes, les petits et les anciens…

— Cela est bien beau, lui dis-je.

— Beau ! s’écria-t-il ; non, c’est tout simple. Nous ne reconnaissons pas d’autre inégalité que celles de l’âge et du sexe. Nous sommes tous égaux.

— Pourquoi ?

— Parce que nous sommes tous également forts.

— Cependant vous êtes en sentinelle, monseigneur.

— C’est mon tour de garde, dit le jeune Loup, qui ne se fâcha point d’ètre monseigneurisé.

— Avez-vous une Charte ? lui dis-je.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? dit le jeune Loup.

— Mais vous êtes de la section des Droits du Loup, vous avez donc des droits ?

— Le droit de faire tout ce que nous voulons. Nous nous rassemblons dès qu’il y a péril pour tous les Loups ;