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UN RENARD

Ce sensible Animal avait entendu les menaces que j’avais adressées au Coq, dans la soif de vengeance dont j’étais possédé.

— Ne faites pas cela, Monsieur, me dit-il avec un son de voix si triste, que j’en fus ému jusqu’aux larmes ; elle en mourrait de chagrin. Je ne comprenais pas parfaitement.

— Qui, elle ? hasardai-je.

— Cocotte, me répondit-il avec une douce simplicité.

Je n’étais pas beaucoup plus avancé. Pourtant j’entrevoyais une histoire d’amour, et je les ai toujours passionnément aimées. Et vous ?

— Cela dépend des circonstances, dis-je en secouant la tête.

— Oh ! alors si cela dépend de quelque chose, dites franchement que vous ne les aimez pas. Il faudra cependant vous résigner à entendre celle-ci ou à dire pourquoi.

— Je dirais tout de suite pourquoi si je ne craignais pas de vous humilier ; mais j’aime mieux prendre mon parti bravement et écouter votre histoire. On ne meurt pas d’ennui.

— Cela, c’est un bruit qu’on répand, mais il ne faut pas s’y fier. Je connais des gens qui en ont été bien près. Je reviens à mon Renard. — Monsieur, repris-je, vous me semblez malheureux, et vous m’intéressez vivement. Si je pouvais vous servir, croyez que je vous serais fort obligé d’user de moi comme d’un ami véritable. Touché par ces offres cordiales, il saisit ma main.