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PROLOGUE.

Le Caméléon paraît à la tribune pour annoncer qu’il est heureux et fier, d’être comme toujours, de l’avis de tout le monde.

Le Renard, qui s’est jusque-là contenté de prendre quelques notes, voyant que la liste des orateurs inscrits est épuisé, monte à la tribune au moment où la Pie fait une troisième tentative pour y sauter. La Pie désappointée lui cède la place en se parlant à elle-même, et remet sous son bras un volumineux manuscrit qu’elle avait rédigé avec une Grue de ses amies.

Le Renard dit qu’il a écouté avec une scrupuleuse attention les orateurs qui viennent de se faire entendre ; qu’il a admiré la puissance et l’élévation des idées du Lion ; que personne plus que lui ne rend hommage à la majesté de son caractère, mais que l’illustre Membre est peut-être le seul Lion de l’Assemblée, et que pour tout le monde d’ailleurs il y a loin du Jardin des Plantes au désert ;

Qu’il voudrait pouvoir conserver les illusions du Chien, mais qu’il lui semble apercevoir son collier ;


Le Chien embarrassé se gratte l’oreille. — Un mauvais plaisant remarque que les oreilles du Chien ont perdu beaucoup de longueur primitive, et demande si c’est la mode de les porter si courtes. (Hilarité générale.) —


Qu’il a partagé un instant l’ardeur guerrière du Tigre ; que peu s’en est fallu qu’il n’ait répété avec lui son redoutable cri de guerre ; mais que c’est l’Homme qui a inventé la poudre, et que la race animale ignore encore