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SOUVENIRS

Faites-vous Grande Duchesse !


Et madame la Duchesse ? Au bout de quinze jours, son séducteur l’abandonna pour une vraie Duchesse qu’il emmena en Grèce, où ses ancêtres avaient été rois. Elle en fut si humiliée, qu’elle maigrit à vue d’œil, et mourut, seule, dans le tronc d’un vieux saule, de honte, de misère et presque de faim, bien coupable, mais aussi bien malheureuse.

Faites-vous donc Grand Duc et Grande Duchesse !


Où l’auteur reprend la parole pour son propre compte. — Conclusion.


On voyagerait pendant une éternité, on ne s’arrêterait pas plus que le temps, que cette agitation sans fin ne suffirait pas à rendre le mouvement à un cœur fatigué. Après avoir été partout, ou peu s’en faut, je me demandai à quoi avait abouti cette course d’âme en peine, et si les Corneilles étaient faites pour courir le monde ou pour vivre en société. N’y avait-il pas eu dans cette soumission aux exigences de mon chagrin, si légitime qu’il fût, plus d’égoïsme que de raison ? la lutte n’eut-elle pas été plus glorieuse que la fuite ? et si triste qu’eût pu être mon existence, n’eût-il pas mieux valu la consacrer à mes pareilles, que de l’user sans profit pour personne dans de stériles voyages ? Le résultat de ces réflexions tardives,