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VOYAGE D’UN LION D’AFRIQUE

avec le Serpent révolutionnaire, par un sculpteur appelé Barye. Vous êtes infiniment plus beau que tous les portraits d’Hommes qui vous entourent, et dont quelques-uns portent des serviettes sur leurs bras gauches comme des domestiques, et d’autres ont des marmites sur la tête. Ce contraste démontre évidemment notre supériorité sur l’Homme. Sa grande imagination consiste d’ailleurs à mettre les fleurs en prison et à entasser des pierres les unes sur les autres.

« Après avoir pris ainsi langue dans ce pays où la vie est presque impossible, et où l’on ne peut poser ses pattes que sur les pieds du voisin, je me rendis à un certain endroit où mon Chien me promit de me faire voir les bêtes curieuses auxquelles Votre Majesté nous a ordonné de demander des explications sur la prise illégale de nos noms, qualités, griffes, etc.

« — Vous y verrez bien certainement des Lions, des Loups-Cerviers, des Panthères, des Rats de Paris.

« — Mon ami, de quoi peut vivre un Loup-Cervier dans un pareil pays ?

« — Le Loup-Cervier, sous le respect de Votre Altesse, me répondit le Chien, est habitué à tout prendre, il s’élance dans les fonds américains, il se hasarde aux plus mauvaises actions, et se fourre dans les passages. Sa ruse consiste à avoir toujours la gueule ouverte, et le Pigeon, sa nourriture principale, y vient de lui-même.

« — Et comment ?