Page:Schœlcher - Le procès de Marie-Galante, 1851.djvu/21

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au parquet et aux magistrats instructeurs qui affirmèrent le complot, un démenti solennel.

Dans son réquisitoire, le procureur général titulaire, M. Rabou, tout en abandonnant à regret ce chef d’accusation, s’est vu obligé de constater l’impuissance du ministère public à justifier cette calomnie officielle :

« Si nous n’allons pas, a-t-il dit, jusqu’à soutenir qu’il y ait eu, dans le sens légal, un complot organisé, ayant pour but de provoquer à la guerre civile, d’exciter à commettre tous ces attentats contre les personnes et les propriétés, nous établissons du moins l’existence de menées et d’influences coupables qui devaient nécessairement entraîner de semblables résultats. » Quand on n’y met ni bonne volonté, ni bonne grâce, il nous paraît difficile de se désister plus clairement. S’il n’y a pas eu de complot dans le sens légal, que poursuivait donc M. le procureur général ? était-ce la complicité morale ? Dans le passage que nous venons de citer, M. Rabou maintient, il est vrai, l’existence de menées et d’influences, — nous verrons tout à l’heure qui s’en est rendu coupable, — mais la conséquence de ses paroles est évidemment qu’il renonce à croire que la révolte était organisée, de longue main, et que les élections n’en ont été que le prétexte. Nous avons donc le droit de le dire, cette fois ce n’est pas seulement la Cour d’assises qui repousse les mensonges des inventeurs de la conjuration permanente des noirs et des mulâtres : c’est l’accusation elle-même qui recule devant son œuvre. Ainsi, l’histoire, la conscience des juges, la force de l’évidence, tout fait justice d’une machination détestable.

Nous allons maintenant démontrer, en interrogeant les faits avec la même sévérité, que les événements de Marie-Galante sont tout fortuits, et que les nouveaux citoyens, loin d’avoir été les agresseurs, ont été, au contraire, les victimes de mille provocations.