Page:Schœlcher - Le procès de Marie-Galante, 1851.djvu/27

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« D. à Bacot. Quelles instructions aviez-vous reçues de M. le maire ? — R. Comme la veille M. Germain avait été vu au milieu de tous les groupes, et que ce jour-là les cultivateurs refusaient de venir voter, M. le maire me dit de surveiller et d’amener devant lui ceux qui les empêcheraient de voter ou leur prendraient leurs bulletins, de surveiller surtout Germain. » (Audience du 26 mars. Avenir du 3 avril.)

À l’audience du 28 mars, un témoin, M. Pasquier Philéas, propriétaire au Grand Bourg, dit qu’il a su par Caire et Bacot que M. Germain cherchait à faire croire que la liberté était menacée, « mais qu’il n’ose pas affirmer que Germain ait tenu les propos qu’il vient de rapporter ; il ne les a point entendus. » (Avenir du 3 avril, 2e sup.) En réponse à M. Desondes, autre témoin à charge, qui soutient que Bacot lui a fait part des excitations de M. Germain, le garde champêtre, interrogé, renouvelle sa première déposition en ces termes :

« Bacot : Je ne me rappelle pas avoir parlé à M. Desondes. Il se peut cependant que je lui aie parlé, mais je n’ai pas dit que Germain tenait des propos séditeux.

« D. à Bacot : Avez-vous entendu dire que Germain inspirait des craintes sur la liberté ? — R. On le disait de tout le monde ; on voyait bien que Germain formait toujours des groupes. » (Avenir.)

Après la lecture de ces différentes dépositions ne reste-t-il pas démontré que M. Germain ne tenait pas de propos séditieux et que, malgré les efforts du maire pour se justifier, l’arrestation de ce citoyen a été un acte arbitraire ? Rapprochez cette violence de la déclaration du commandant particulier de Marie-Galante, confessant à l’audience du 26 mars que pour empêcher Germain de retourner le lundi aux élections, il le fit, en sa qualité de chef de la milice, commander de service, et vous demeurerez convaincu que ce citoyen a été arrêté uniquement parce qu’on craignait son influence sur les cultivateurs qui l’attendaient, uniquement parce que sa présence dérangeait les calculs de ceux qui espéraient engager les noirs, à leur insu, dans leur combinaison électorale.

Est-il difficile maintenant de comprendre l’irritation de