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et Turk, également métropolitains, lui lurent adjoints. C’est à ces assises que, suivant toutes les probabilités, devaient être portées les affaires nées et à naître des élections.

Tels étaient dès lors les juges naturels des accusés de Marie-Galante. Mais une substitution complète de personnes ne devait pas tarder à les changer.

À la date du 5 juillet, un arrêt de la nouvelle chambre d’accusation elle-même rend à M. Cléret la présidence de cette chambre, malgré l’ordonnance du président de la Cour qui avait dû pourvoir au remplacement de MM. Foignet et Darchis, conseillers instructeurs des affaires évoquées.

L’acte est insolite ; il viole la loi et la raison. Il est anarchique, car il porte atteinte à l’autorité du président : mais qu’importe aux amis de l’ordre ? Ils aimaient mieux M. Cléret, homme du pays, partisan avéré de l’ordre. Le ministre de la marine s’empressa de son côté de leur venir en aide, en les débarrassant du président lui-même. À la date du 25 août, un décret de M. le Président de la République, rendu sur des rapports de l’administration de la Guadeloupe, qui remontent à l’époque précise où surgit la pensée politique de l’évocation des affaires électorales, prive de ses fonctions l’honorable M. Hardouin. Toutefois, cette mesure ne put arriver assez tôt pour empêcher ce magistrat de présider les assises d’août, où furent prononcés cinq acquittements électoraux, prestige inquiétant pour la politique aveugle qui dirigeait alors les destinées de la malheureuse Guadeloupe. Le même décret remet à la tête de la Cour M. Beausire, créole qui avait légitimement perdu cette position à la révolution de Février, tout en restant simple conseiller, grâce à la générosité des démagogues, alors dépositaires du pouvoir.

Par une coïncidence surprenante, peu de jours après les cinq jugements dont nous venons de parler, et auxquels M. Leroy avait pris part, le 14 septembre, un arrêté du gouverneur général, M. Bruat, vint compléter cette substitution de juges. M. Leroy, désigné comme président d’assises, est envoyé à la Martinique en remplacement de M. Garnier, appelé à la Guadeloupe ! M. Mittaine, révoqué de Fé-