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En 1848, concours prêté à la police sur la prière des négociants de la ville, contre les provocations dont quelques familles blanches étaient l’objet.

En 1848, arrestation d’un homme qui venait de frapper M. Béraud d’un coup de couteau.

Comme ennemi de la famille :

En 1831, il adopte trois orphelins.

En 1847, il adopte les huit enfants de sa sœur, tous encore à sa charge.

Est-il un honnête homme en France qui, en lisant une vie aussi magnifiquement belle, ne soit indigné de voir ce héros d’humanité poursuivi criminellement par M. Rabou sur la dénonciation de l’agent électoral de certains colons, qui termine ainsi sa lettre d’accusation, écrite le 20 juin 1849, à M. le procureur de la République : « C’est comme simple citoyen que j’adresse cette plainte, persuadé que le parquet n’y restera pas indifférent et que je n’aurai pas, comme représentant, à l’adresser plus haut. »


§ 5. — conclusion.


En résumé, un pays parfaitement tranquille jusque-là, troublé jusque dans ses entrailles, cent nègres tués à Marie-Galante, un procès immense dont les frais ne s’élèveront pas à moins de 150, 000 francs, plus de deux cents prévenus détenus pendant neuf mois et un an, leurs familles désolées, ruinées, cinq d’entre eux morts en prison, soixante condamnés à la prison ou à des peines infamantes, l’état de siège avec ses violences légales, quatre condamnations à mort dont une exécutée, la misère générale, des émigrations nombreuses et multipliées de la classe de couleur, voilà ce que coutera à la France et à la Guadeloupe la mission de paix et d’amour donnée par M. Tracy à un homme dont l’influence acquise dans le passé a été exploitée par ses anciens ennemis, devenus ses patrons.

Le procès fait aux élections de 1849 à la Guadeloupe a compromis la classe des mulâtres aux yeux de l’Europe en servant de base et de prétexte aux calomnies les plus infâmes ; mais il faudra bien que tôt ou tard la vérité se fasse