Page:Schelling - Bruno, 1845, trad. Husson.djvu/221

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Si on leur dit que la nature n’est point en dehors de Dieu, mais en Dieu, ils entendent toujours par là cette même nature, qu’ils ont tuée en la séparant de l’Éternel, comme si elle était quelque chose en soi, et en général autre chose que leur propre ouvrage. Or, la partie naturelle du monde, séparée de l’unité, n’existe pas plus en soi que la partie libre ; car toutes deux ne font qu’une seule et même chose, ou plutôt ne sont nullement divisées. Il est impossible, en effet, de supposer dans le principe où l’une et l’autre ne font qu’un, qu’elles puissent exister par le principe en vertu duquel elles se trouvent en dehors du premier, l’une par la nécessité, l’autre par la liberté. Ainsi la puissance suprême, ou le vrai Dieu, est celui hors duquel la nature n’est point, de même que la véritable nature est celle hors de laquelle Dieu n’existe pas.

Reconnaître immédiatement avec les yeux de l’âme cette unité sainte de Dieu et de la nature laquelle, sur cette terre, se révèle surtout dans l’adversité, c’est comme l’initiation à la félicité suprême