Page:Schelling - Bruno, 1845, trad. Husson.djvu/229

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prendre qu’elle a renfermé les germes, plus ou moins développés, de la plus haute spéculation.

Mais la véritable idée de la matière s’est perdue de bonne heure, et n’a été connue à toutes les époques que d’un très petit nombre d’esprits supérieurs.

Elle est l’unité du principe naturel et divin lui-même, par conséquent simple en soi, immuable, éternelle. Les philosophes des siècles ultérieurs, et déjà Platon lui-même, n’entendaient par matière que le simple sujet des choses naturelles et variables ; or, ce sujet n’étant absolument rien en soi, il n’a jamais été possible de pouvoir en faire un principe. Donc, l’unité une qui domine tous les contraires, et dans laquelle seulement le divin et le naturel des choses se distinguent pour se faire opposition, est assurément ce que les auteurs de cette doctrine ont appelé matière. Dans les temps plus rapprochés de nous, on a même été jusqu’à confondre la matière avec le corps, en mêlant ce qui, par sa nature, est destructible et périssable avec l’impérissable et l’indestructible.