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Page:Scherer - Alexandre Vinet, 1853.djvu/66

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qu’il cessât de sacrifier la morale au dogme, comme si ces deux choses n’en faisaient pas une seule[1].

Vinet, qui avait pris, à distance, une part active aux discussions relatives à la liberté religieuse dans le canton de Vaud, s’y trouva tout naturellement mêlé lorsqu’il fut devenu professeur à Lausanne.

Une observation nous paraît nécessaire pour l’intelligence de ce qui suit. La révolution vaudoise de 1830 avait porté à la direction des affaires les hommes qui s’étaient distingués, dans les luttes antérieures, par la défense des principes libéraux. Plusieurs d’entre eux étaient en même temps sincèrement attachés à la foi évangélique. On ne peut se dissimuler que par là et, en général, par leurs lumières mêmes, ils se trouvaient fort en avant de l’opinion publique. La révolution avait donné lieu à un malentendu ; le principe qui avait présidé à ce mouvement n’eut pas tout d’abord la conscience de lui-même, et il abdiqua provisoirement entre les mains d’hommes qui l’avaient servi par un hasard de position et qui ne le représentaient point. Au fond, ce qui avait triomphé, c’était la souveraineté du peuple, immédiate, brutale, la souveraineté du peuple vaudois tel qu’il était alors, avec tous ses préjugés et toutes ses passions. Mais cette royauté populaire manquait encore d’organes qui lui fussent propres ; son triomphe se cachait derrière celui des libéraux, qui se trouvaient avoir combattu de fait pour le

  1. Discours prononcés à l’installation de M. Vinet, etc. Lausanne 1837. Le discours de Vinet forme la préface naturelle du cours d’homilétique que les amis de l’auteur viennent de nous donner.