Page:Schiff - Marie de Gournay.djvu/105

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de quelque vilaine submission, ou autre vice : ou de la bonne grace et faveur de telle personne, qui n’accorderoit pas une place en son cœur, ny en sa familiarité, 316 à de plus habiles que luy. 317 Cestuy-cy sera frappé, qui n’a pas l’entendement 318 d’appercevoir le coup rué d’une main féminine. Et tel autre 319 l’apperçoit, qui pour l’éluder tourne le discours en risée, ou bien en escopetterie de caquet perpétuel, ou le destord et divertit ailleurs, et se met à vomir pedentesquement force belles choses qu’on ne luy demande pas : ou par sotte ostentation l’intrique et confond de bastelages logiques, croyant offusquer son antagoniste par les seuls esclairs 320 de sa suffisance, de quelque biais ou lustre qu’il les estale. Telles gens sçavent, 321 d’autre part, combien il est aisé de faire profit de l’oreile 322 des spectateurs : lesquels pour se trouver tres-rarement capables de juger de l’ordre et de la 323 conduicte d’une dispute et conferance, et de la force 324 des conferans, et tres-rarement capables aussi, de ne s’esblouïr pas à l’esclat de ceste vaine science 325 que ceux-cy crachent, comme s’il estoit question de rendre comte de 326 leurs leçons ; ne peuvent descouvrir quand ces galanteries-là sont fuitte ou victoire. Ainsi pour emporter le prix, il suffit à ces messieurs 327 de fuir les coups, et peuvent moissonner autant de gloire qu’ils veulent espargner de labeur. Ces trois mots soient dits sur la conferance, pour la part spéciale et particuliere des Dames : car de l’art de conferer, en general, et de ses perfections et deffaux, les Essais en traictent jusques au faiste de