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Michel de Montaigne réunis par le Dr J. F. Payen et conservés à la Bibliothèque Nationale, publié par Gabriel Richou, à Bordeaux, en 1877.

Brunetière poursuit sa démonstration et termine ainsi : « De la mort de Ronsard, en 1584, à 1623, il y a au moins 12 à 15 éditions de ses poésies ; de 1580 à 1630, d’autre part, il ne se passe pas une année où ne soient lancées une ou deux éditions de Garnier. En face d’une telle popularité, le « succès d’estime » de Montaigne paraît bien peu de chose ; et c’est bien l’un des cas où la statistique fournit des arguments décisifs (l. c, p. 630). »

Il me semble que ce qui précède prouve en effet que la statistique fournit des arguments sérieux en faveur du grand succès de Montaigne à la fin du xvie et au commencement du xviie siècle. On l’a vu, le nombre des éditions des Essais a été considérable et le philosophe n’a, sous ce rapport, rien à envier à ses plus illustres contemporains. Puisqu’à toute chose il faut une conclusion, je ne veux pas me priver du plaisir de citer ici une spirituelle réflexion de M. Paul Stapfer : « Je ne compterai pas non plus les éditions des Essais, dit-il, car, habitués que nous sommes aux chiffres charlatanesques des pseudo-éditions de la réclame contemporaine, si je disais qu’il en a paru vingt-sept au xviie siècle, on s’écrierait sans doute : Comment ! rien que vingt-sept ? » Montaigne (Paris, 1895), p. 168.