Page:Schiff - Marie de Gournay.djvu/71

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hommes à faire ce coup. Aussi nous apprend un grand Roy luy mesme, que toute la gloire de la fille du Roy est par dedans. Quelle est cependant ma rusticité, tous autres abordent leurs Princes et Roys en adorant et loüant, j’ose aborder ma Reyne en preschant ? Pardonnez neantmoins à mon zele, Madame, qui meurt d’envie d’ouyr la France crier ce mot, avec applaudissement, La lumière n’a point d’Occident pour moy, par tout où passera vostre Majesté nouveau Soleil des vertus : et d’envie encore de tirer d’elle, ainsi que j’espere de ses dignes commencemens, une des plus fortes preuves du Traicté que j’offre à ses pieds, pour maintenir l’egalité des hommes et des femmes. Et non seulement veu la grandeur unique qui vous est acquise par naissance et par mariage, vous servirez de miroir au sexe et de sujet d’émulation aux hommes encore, en l’estenduë de l’Univers, si vous vous eslevez au prix et merite que je vous propose : mais aussitost, Madame, que vous aurez pris resolution de vouloir luyre de ce bel et précieux esclat, on croira que tout le mesme sexe esclaire en la splendeur de vos rayons. Je suis de vostre Majesté

Madame,
Tres-humble et Tres-obeissante servante et subjecte.
Gournay.