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LE BOUDDHISME AU TIBET

les hommes travailleront les étoffes de laine et de coton, et une fois coupées les façonneront ou vêtements ; lorsqu’ils y prendront leurs repas ; lorsqu’ils vendront et achèteront des marchandises ; lorsque les gélongs[1] ruineront les lieux habités ;

« Lorsque les astrologues[2] feront des invocations pour obtenir la fortune[3] ; lorsque les bompos[4] porteront avec eux (entendront) les sentences mystiques secrètes (Dharanis) ; lorsque les Gebshi seront commandants en chef[5] ; lorsque les savants et pauvres (les prêtres)[6] vivront dans les couvents de femmes et les dirigeront ; lorsque les Zhanglons[7] s’amuseront avec leurs belles-filles : lorsque les hommes détruiront (mangeront) les mets destinés aux mânes des morts ; lorsque les chefs lamas mangeront les mets préparés pour les offrandes[8] ; lorsque les hommes se sépareront eux-mêmes des principes vitaux (se suicideront)[9] ; lorsque le nombre des mauvaises actions

    obtenir le rang sublime de Bouddha afin de guider les hommes au salut, est représentée par un Chorten, cassette pyramidale contenant les reliques, qui occupe toujours la principale place sur l’autel. Voyez Csoma, Grammar, p. 173, Dictionnary, voce ṛten ; voir aussi Schmidt, Lexicon. Pour plus amples détails sur les images des dieux, voyez chap. xiv ; sur les livres, voyez page 51 ; sur les chortens, chap. XIII. Pour la place que ces objets occupent dans les temples, je renverrai au chapitre qui traite des Temples, et à la vue de l’intérieur du temple de Mangnang à Gnary Khorsoum, donnée par mon frère Adolphe, dans l’atlas des Results of a scientific Mission.

  1. L’expression ḍge-ṣlong s’applique à des prêtres ordonnés qui sont généralement désignés sous le titre plus honorifique de Lama (ḅla-ma), distinction qui n’appartient cependant qu’aux supérieurs de couvents. Les gelongs ne doivent pas se soucier de richesses ou de jouissances mondaines ; en leur prêtant la ruine de lieux habités, on veut dire peut-être qu’ils combattront contre d’autres monastères ou contre les riches en général.
  2. En tibétain, ṣagagṣ-pa, versé dans les charmes.
  3. En tibétain, g̣yang-gougṣ ; une cérémonie de ce genre est décrite au chapitre suivant. C’est ici une allusion à son abus comme remplacement des prières.
  4. Bompo est le nom des partisans de la secte qui s’attache le plus aux idées superstitieuses, restes de la première religion des Tibétains (Voyez p. 47.)
  5. Ḍge-ḅshes, abrégé de dge-ḅai-ḅshes-g̣nyen, en sanscrit, Kalyanamitra signifie un prêtre savant, un ami de la vertu. Il n’est pas nécessaire de faire remarquer que les fonctions de chef militaire ne s’accordent guère avec le caractère clérical.
  6. Il n’est pas permis aux prêtres d’avoir des relations avec les femmes ; mais il est probable que ce précepte est violé, puisqu’ils habitent sous le même toit que les nonnes.
  7. Zhang, oncle maternel ; ḅlon, magistrat, officier, noble. Ces deux noms réunis désignent un homme de rang supérieur.
  8. L’expression tibétaine est Zan, que le dictionnaire traduit par « mets », sorte de potage épais, pâte faite de farine ou de grain grillé. Au sujet de son emploi général comme nourriture, voyez les détails donnés par Hermann dans son Glossary Zankhar, vol. III des Results et R. As. Soc., 1862.
  9. La délivrance de l’existence n’est que la conséquence de bonnes actions ; mais le suicide, dans l’opinion des bouddhistes, est une mauvaise action qui a pour conséquence la renaissance dans une condition pire, puisque les péchés, en expiation desquels l’existence présente devait être subie, ne sont pas encore expiés et qu’un autre crime s’y ajoute. Dans la période de misère à laquelle le texte fait allusion, cette loi morale sera méprisée.