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LE BOUDDHISME AU TIBET

tient toujours on mouvement. Les murs sont souvent décorés de vues de cités saintes ou de monastères[1] peintes sur papier ; elles sont beaucoup plus grossières que les peintures de dieux ; elles n’ont point de perspective ; les maisons sont dessinées de face, mais très incorrectement. Parmi ces images de lieux saints se trouve presque toujours un plan vertical de Lhassa que les Tibétains honorent du nom de paysage ; il ressemble quelque peu aux vieux plans de villes d’Europe dessinés à vol d’oiseau.

MONUMENTS RELIGIEUX

Le bouddhisme a créé diverses sortes monuments religieux, parmi lesquels les plus dignes de remarque sont les Chortens, les Manis, les Derchoks et les Lapchas.

1. Chortens

Le motif de l’érection ce ces monuments est le même que celui qui préside à la fréquente construction des stoupas ou chaïtyas de l’ancien bouddhisme dans l’Inde ; on en a récemment découvert un grand nombre dans l’Inde et l’Afghanistan et on les a étudiés avec soin[2]. Mais ce qui distingue les chortens, c’est l’usage qu’en font les Tibétains. Le nom de chorten indique à la fois leur nature et leur but, car les deux mots qui le composent, ṃchod et ṛten, signifient « offrande » et « garder » ou « réceptacle. » L’orthographe tibétaine de ce mot indiquerait que sa prononciation était chodten ; mais le d se supprime devant le t, et l’r se prononce, bien que, suivant les règles grammaticales, il devrait être muet. Les Tibétains de Gnary-korsoum prononcent chodgan ; Gérard[3] l’écrit chosten ou chokten, ce qui paraît être une modification de dialecte. Il cite, ainsi que Cunningham[4] le nom de Donkten

  1. Turner. Embassy, dit en avoir vu dans le temple de Vandeechy à Bhoutan.
  2. À propos des idées qui se lient aux stoupas, les récits sur leur construction et les objets qui ont été exhumés, voyez les ouvrages de Ritter, Die Stupas, Berlin, 1834 ; Wilson, Ariana Antiqua, Londres, 1841 ; Cunningham, The Bilsa Topes, 1844. Sykes, On the miniature Chaityas, R. As. Soc., 1856 ; et Account of golden Relies, R. As. Soc., 1857 ; Comparez aussi Burnouf, Introduction, p. 346. Au sujet de leur âge, Wilson, Buddha and Buddhism, croit que la coutume d’ériger des Stoupas est un peu postérieure à celle de creuser les temples et de construire des Viharas ou monastères ; les Stoupas du Nord-Ouest de l’Inde furent probablement érigés dans une période qui commence aux premières années de l’ère chrétienne et finit au sixième siècle.
  3. Kanawur, p. 124.
  4. Ladak, p. 377.