Page:Schlagintweit - Le Bouddhisme au Tibet.djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
173
LE BOUDDHISME AU TIBET

tique de Chenresi  ; dans chacune des six sections se lit une syllabe de la prière Om mani padme houm. Tant que la pâte reste dans l’eau (la prescription indique de une à trois semaines), des lamas (qui ne peuvent pas manger de viande pendant ce laps de temps) récitent tout le jour de longues prières spéciales en l’honneur des Manlas.

Le soixante-treizième chapitre de la quatrième partie de ce livre de médecine cite douze sortes de maladies causées par les esprits et les démons, et le soixante-dix-septième, dix-huit.

Mes frères ont recueilli les détails suivants sur ces maladies et les méthodes employées pour les guérir.

Chaque esprit nuisible fait naître une maladie spéciale. Ainsi Rahou[1] donne la paralysie, en tibétain Zanad ; quinze autres démons nommés Donchen Chonga[2], « les quinze grands démons », causent les maladies des enfants, etc. Quand le Lama médecin appelé près d’un malade a reconnu que la maladie est occasionnée par un démon, il examine les circonstances afin de découvrir ce qui a permis à l’esprit de s’emparer du patient et la manière dont il l’a rendu malade. Quand la maladie est insignifiante, comme par exemple dans le cas de refroidissement, enrouement, blessures légères, etc., il n’a pas grand’peine, selon la croyance des Tibétains, à expulser le démon ; les remèdes sont ou des charmes que le malade doit porter, suspendre à sa porte ou lire, ou une musique bruyante qui force l’esprit à céder ; ou bien on implore le Dragshed qui est l’ennemi particulier du démon nuisible et on suspend son image après l’avoir portée en procession autour de la maison ; ou bien encore on a recours au Phourbou. Telles sont les méthodes les plus communément employées pour recouvrer la santé ; mais naturellement ces rites varient à l’infini.

Quand la maladie est grave, surtout quand le malade ne peut plus se lever, on suppose que le démon s’est introduit dans la maison sous la forme d’un animal et qu’il demeure sous cette forme près du patient. Alors le premier soin du Lama est de découvrir quelle forme l’esprit a prise ; il y arrive enfin par diverses cérémonies de pure jonglerie. Il fabrique un

  1. Voyez, p. 73.
  2. g̣Don, « démon » ; chhen, « grand » ; ḅcho-ḷnga, « quinze ».