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LE BOUDDHISME AU TIBET

une sentence mystique révèle son caractère. Par ces tables on peut prédire si les chances de réussite d’une entreprise seront augmentées par le caractère du jour, ou s’il est nécessaire de s’adresser à un lama pour savoir de quel démon ou de quelle direction vient le danger qui menace, et indiquer les moyens de l’éviter. Le lama a recours, pour répondre à ces questions, aux computations les plus compliquées ; les animaux cycliques et les éléments de l’année, la résidence de la divinité tutélaire, la naissance-Méba et maintes autres choses encore doivent être prises en considération. Seuls les astrologues les plus experts possèdent les connaissances nécessaires à ces computations délicates ; par conséquent la rémunération qu’ils exigent pour leur assistance est très élevée, et les riches seuls peuvent se faire expliquer les causes qui rendent un jour heureux, un autre malheureux. Selon les dires de Chibou Lama, ces tables ne sont consultées que par les Râjas, et les exemplaires du livre où ces calculs sont détaillés sont très rares dans les pays bouddhiques ; il fut impossible de s’en procurer aucun exemplaire à Sikkim.

La table, que nous allons décrire, faisait aussi partie du grand rouleau acheté par Hermann pendant son voyage en 1855 ; il réussit à obtenir quelques éclaircissements sur le sens général des sentences. J’en continuai l’analyse, en faisant d’abord transcrire les sentences, qui dans l’original étaient écrites en petits caractères ; cela ne put se faire que très imparfaitement, parce que le frottement résultant du fréquent usage des ces tables avait rendu illisibles la moitié des carrés ; j’y trouvai aussi tant de mots inconnus dans la littérature tibétaine, que je ne pus en déchiffrer que très peu avec une certitude suffisante ; je les ajoute, entre parenthèses, aux explications verbales des naturels.

Voici la description de cette table :

En haut dans le coin gauche (place marquée n° i) Mandjousri[1] est représenté assis sur un trône ; dans le coin opposé (n° ii) est le glaive de sagesse, emblème de sa science supérieure ; chacune de ces deux figures occupe l’espace longitudinal de deux carrés et la largeur d’un. Le reste de la planche est rempli par les trente figures suivantes et leurs sentences correspondantes.

  1. Voyez page 42 (note).