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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

L’influence magique des mots est déduite de la non-réalité de tous les objets existants ; toute existence étant purement idéale, le nom est juste autant que l’objet ; par conséquent si on a pouvoir sur un mot exprimant une chose, on dispose aussi de la chose même. On attribue la même influence à des signes de convention formés par une certaine disposition des doigts, Chakja, en sanscrit Moudrā. Tous les objets étant identiques sous le rapport de leur nature, les signes qui symbolisent les attributs d’un dieu ont le même effet que les paroles et les sacrifices.

IV. Le récit des Dhāranis combiné avec la pratique de rites magiques et aidé par la moralité et la contemplation amène aux facultés surhumaines (en sanscrit Siddhi), bien plus même, à l’union avec la divinité. Cette doctrine, selon toute probabilité, s’est développée récemment. Les livres tantras abrégés traitent de ce dogme et disent que par l’art magique on peut atteindre ou un but mondain, comme la longévité et la richesse, ou un but religieux, comme la puissance sur les esprits malins, l’aide d’un Bouddha ou d’un Bodhisattva, ou se faire délivrer par l’un d’eux du doute et de l’incertitude sur un dogme. Mais le but principal est d’obtenir l’affranchissement final de la métempsycose et la renaissance dans la demeure d’Amitābha ; cette fin peut s’obtenir, grâce aux cérémonies magiques, dans une seule existence, au lieu d’être la récompense de privations continues et d’innombrables séries d’existences[1].

  1. Les observances relatives aux arts magiques et la description des rites magiques sont données chapitre XV.