Page:Schlegel - Œuvres écrites en français, t. 1, éd. Böcking, 1846.djvu/144

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mesurer avec la langue sacrée de Brahmà. dans laquelle la métaphysique est, pour ainsi dire, infuse. Cette traduction porte le titre Oupnekhat, ce qui est une corruption du mot sanscrit Upanishad, méditation ou contemplation religieuse. Des exemplaires manuscrits ont passé en Europe. Anquetil-Duperron a mis ce livre en latin barbare, et en a fait un triple galimatias.

Si j’avais été le contemporain et le confident de Dara-Chouco, je lui aurais dit : Prince, ce que vous cherchez, vous ne le trouverez pas dans des livres écrits ; moins qu’ailleurs dans ceux que des nations, même fort policées, telles que les Hindous, les anciens Persans, les Arabes et les Firingues, ont érigés en codes de leur culte, de leur dogme et de leur morale. Plutôt qu’aux prophètes, adressez-vous aux anciens sages dont les sentences, dans leur simple brièveté, vous en diront davantage. Rappelez-vous le mot profond du poëte Simonide. Mais faites mieux : volez de vos propres ailes.

Contemplez d’abord le magnifique spectacle de l’univers visible, qui pourtant n’est que la sphère des illusions.

Observez les astres qui, infatigables dans leur course, se meuvent sous une anomalie apparente avec une régularité infaillible ; qui nous amènent les heures, les jours, les nuits, les mois. les saisons, les ans, les cycles, enfin l’année platonique. Nés depuis hier, destinés à mourir demain, nous pouvons néanmoins suivre en idée ces changements non-interrompus et ces retours constants qui forment le phénomène du temps au sein de l’immensité.

Abaissez ensuite vos regards vers la terre, notre mère commune a nous tous, plantes animaux et hommes.