Page:Schlegel - Œuvres écrites en français, t. 1, éd. Böcking, 1846.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec tout ce qu’elle contient ; 2o une perle enfouie dans les écailles d’une huître au fond d’un récif. On pourrait dire, pour justifier cette division : « Oui ! c’est bien petit, mais c’est une perle. » — Vilains astronomes ! comme vous nous avez fait déchoir avec vos découvertes importunes ! La terre était une perle en effet, aussi longtemps qu’elle occupait le centre, et que les sphères célestes accomplissaient leur danse mystique autour d’elle et pour elle. Il y a plusieurs mondes, dites-vous. Eh bien ! qu’ils aillent se promener. Que cela nous fait-il ? Le système de Ptolémée suffisait pour tous les usages pratiques de l’astronomie ; votre doctrine n’est bonne qu’à nous donner des vertiges.

13.

Il en est des miracles comme des spectres. En thèse générale, tout le monde est assez disposé à croire un peu aux uns et aux autres. Mais aussitôt qu’on les regarde en face, qu’on les serre de près, ils disparaissent.

14.

Je ne sais si Gœthe a eu raison de dire que le Miracle est l’enfant chéri de la Foi. On pourrait retourner la thèse, et dire que la Foi est un enfant docile sous la tutelle du Miracle. En tout cas, j’oserai affirmer hardiment que les Merveilles sont les enfants gâtés de l’Imagination ; et l’Imagination et la Foi, si je suis bien informé, sont cousines germaines.

15.

Il y a une espèce de théologiens en Allemagne, qu’on pourrait appeler les thaumatophobes. Ils imaginent mille