Page:Schlegel - Œuvres écrites en français, t. 1, éd. Böcking, 1846.djvu/23

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Les trois mémoires suivants[1] ont trait à la littérature du moyen âge. Depuis longtemps j’avais désiré de connaître les troubadours. Je profitai de mon séjour à Paris pendant l’hiver de 1814 à 1815 pour examiner les manuscrits. Allant d’abord au plus pressé, je copiai bon nombre de chansons. Mais dès le mois de mars un nouvel orage obscurcit l’horizon au Midi. Mes études solitaires furent brusquement interrompues, et je me hâtai de rapporter les précieux manuscrits qu’on m’avait confiés, à la Bibliothèque Royale qui, pendant cent jours, allait redevenir Impériale. Je n’avais alors, à défaut d’un interprète des troubadours, point d’autre ressource que ma propre divination. Revenu à Paris, j’eus connaissance des premiers volumes publiés par M. Raynouard, et je fus tout joyeux d’avoir acquis un si puissant allié. Je mis donc en ordre mes Observations, enrichies des siennes, et les fis imprimer en 1818. Cependant le public intelligent était bien exigu. M. Raynouard me dit un jour qu’il ne comptait que cinq personnes en France qui sussent le provençal classique, en ajoutant qu’il me comprenait dans ce nombre. M. de Rochegude y figurait sans doute au premier rang ; mais son Parnasse et son Glossaire occitaniens n’avaient pas encore paru.

Mes Observations sont rédigées de façon que toutes les personnes généralement instruites et d’un esprit cultivé puissent les comprendre parfaitement sans savoir même les éléments de la langue provençale. J’ai rejeté dans les notes à la fin du mémoire tous les détails de grammaire :

  1. Observations sur la langue et la littérature provençales : De l’origine des romans de chevalerie : Le Dante, Pétrarque et Boccace, &c.