Page:Schlegel - Œuvres écrites en français, t. 1, éd. Böcking, 1846.djvu/231

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ment : Sunt idola paganorum. — Le pape avait raison. Chrétiens que nous sommes, nous devrions avoir en horreur ces œuvres impies qui sont autant de tentations du démon : et nous idolâtrons les poètes et les artistes qui ont idolâtré ces idoles ? Quelle contradiction ! Telle est pourtant la bigarrure de notre culture intellectuelle.

33.

Le dogme chrétien, tel qu’il a été reconnu pour orthodoxe par les Églises principales, n’est séparé que par une cloison de papier des plus funestes égarements de l’esprit et du cœur. L’histoire des sectes, depuis les gnostiques jusqu’aux nouveaux adamites de nos jours, en fait foi. On dirait que les sectaires ont pris à tâche de justifier l’autorité despotique usurpée par le siège éspicopal de Rome. Je ne parle ici que des sectes qui, inspirées par un orgueil spirituel, ont affecté une sainteté factice, ou prétendu pénétrer plus avant que le reste des chrétiens dans les divins mystères. Les hérésies purement limitatives, telles que l’arianisme, ne courent pas les mêmes dangers. Elles penchent toutes plus ou moins vers le rationalisme.

34.

Il y a deux grandes lacunes dans la morale chrétienne : le patriotisme et l’honneur.

35.

La bienfaisance mal entendue et exagérée augmente la misère, comme les médecins maladroits font plus de ravages que les maladies.