Page:Schlegel - Œuvres écrites en français, t. 1, éd. Böcking, 1846.djvu/249

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Les nicolaïtes étaient une secte chrétienne. Qu’avaient-ils donc fait ou enseigné de si monstrueux, que la haine contre eux pût passer pour un mérite éminent dans le ciel ? — Si je le disais tout crûment, on pourrait me soupçonner de faire la satire des chrétiens primitifs, qui doivent avoir été les modèles de tous les suivants. Consultez l’histoire des hérésies.

79.

Il est permis, je pense, d’admettre que l’inspiration, la théopneustie, ne communique point à un écrivain miraculeusement le savoir universel. Toutefois, l’inspiration serait réduite à rien, si elle n’avait pas garanti ceux qui en furent doués, de toute erreur en ce qui concerne la révélation et les doctrines qui en découlent.

Saint Jude, dans son épître, cite comme authentique un livre prétendu antédiluvien, attribué à Henoch, le septième des patriarches. Ce livre n’existe plus : c’était sans doute une imposture grossière, comme tant d’autres qui circulaient alors, et postérieurement encore pendant plusieurs siècles.

Or, je le demande, si saint Jude, un disciple immédiat du prophète, a pu tomber dans une erreur aussi grave, que devient son inspiration ? Et s’il n’a pas été l’auteur de ces pages bizarres, si elles sont l’œuvre de quelque imposteur obscur, que devient l’infaillibilité de l’Église, qui les a admises dans le canon ?

Les mêmes réflexions s’appliquent a une autre citation contenue dans la même épître : la dispute que l’archange Michaël aurait eue avec le diable sur le cadavre de Moïse.