Page:Schlegel - Œuvres écrites en français, t. 1, éd. Böcking, 1846.djvu/268

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conclus en outre que Joseph avait très-discrètement gardé le secret de la grossesse de son épouse avant le mariage J’en conclus enfin, que les traditions concernant la naissance miraculeuse n’ont été mises en vogue que dans l’intervalle qui s’est écoulé entre la mort de Joseph, et peut-être celle de Marie, et la rédaction des deux évangiles.

Vous n’êtes pas contents de mes conclusions ? Eh bien ! je vous renvoie aux harmonistes. Ils disent entre autres que Marie était la cousine de Joseph. Si cela est vrai, il faudra convenir que c’était une singulière maladresse de la part des biographes, de ne pas avoir marqué en deux mots, que ces époux avaient le même grand-père, et que faire la généalogie de l’un, c’était faire la généalogie de l’autre. Mais ils ont eu recours à un tout autre expédient. Saint Matthieu dit « Joseph, l’époux de Marie ; » et saint Luc, « Jésus, réputé fils de Joseph. » L’un et l’autre semblent avoir en vue la maxime des jurisconsultes romains, Pater is est quem nuptiæ demonstrant. — —

15.

— — Que le corps de Jésus, déposé le vendredi soir, aussitôt qu’il eut été détaché de la croix, dans une grotte sépulcrale taillée dans le roc, n’y ait plus été retrouvé le surlendemain à la pointe du jour par les femmes pieuses qui s’y étaient rendues dans le dessein d’embaumer la dépouille mortelle de leur maître chéri : c’est un fait que l’on ne saurait raisonnablement révoquer en doute.

Mais ce fait peut être envisagé de trois manières différentes : c’était ou une résurrection miraculeuse, ou une résurrection naturelle, ou enfin un enlèvement clandestin.