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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/399

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des données — ce qui semble être une expression assez trompeuse — nous devons dire que les données n’ont pas de propriétaire ou de porteur. Cette neutralité de l’expérience — par opposition à la subjectivité revendiquée par l’idéaliste — est l’un des points les plus fondamentaux du vrai positivisme. La phrase « Toute expérience est l’expérience de la première personne » signifiera soit le simple fait empirique que toutes les données dépendent à certains égards de l’état du système nerveux de mon corps M, soit elle sera dépourvue de sens. Avant que ce fait physiologique ne soit découvert, l’expérience n’est pas du tout « mon » expérience, elle est autosuffisante et n’« appartient » à personne. La proposition « L’ego est le centre du monde » peut être considérée comme l’expression du même fait et n’a de sens que si elle se réfère au corps. Le concept d’« ego » est une construction sur le même fait, et nous pourrions facilement imaginer un monde dans lequel ce concept n’aurait pas été formé, où il n’y aurait pas l’idée d’une barrière insurmontable entre ce qui est à l’intérieur du Moi et ce qui est à l’extérieur de lui. Il s’agirait d’un monde où des occurrences comme celles correspondant à la proposition R et d’autres similaires seraient la règle, et où les faits de « mémoire » ne seraient pas aussi prononcés qu’ils le sont dans notre monde actuel. Dans ces conditions, nous ne devrions pas être tentés de tomber dans le « problème égocentrique », mais la phrase qui tente d’exprimer une telle situation difficile n’aurait en aucun cas de sens.

Après ces dernières remarques, il sera facile d’aborder le soi-disant problème de l’existence du monde extérieur. Si, avec le professeur Lewis(143), nous formulons l’hypothèse « réaliste » en affirmant : « Si tous les esprits disparaissaient de l’univers, les étoiles continueraient leur course », nous devons admettre l’impossibilité de la vérifier, mais cette impossibilité n’est qu’empirique. Et les circonstances empiriques sont telles que nous avons toutes les raisons de croire que l’hypothèse est vraie. Nous en sommes aussi sûrs que des lois physiques les mieux fondées que la science a découvertes.

En effet, nous avons déjà souligné qu’il existe certaines régularités dans le monde, dont l’expérience montre qu’elles sont totalement indépendantes de ce qui arrive aux êtres humains sur la terre. Les lois du mouvement des corps célestes sont formulées sans aucune référence à des corps humains, et c’est la raison pour laquelle nous sommes fondés à soutenir que