Page:Schoebel - Inde française, l’histoire des origines et du développement des castes de l’Inde.djvu/61

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tenir sur la terre la discipline, le second pour porter le sceptre, à la satisfaction des peuples. Mais la loi de Brahmâ est (que) le vaiçya soutienne les trois castes avec de l’argent et des grains, et que le çûdra les serve[1].

Dans un autre endroit du Çântiparva on lit ceci : Bhrigu dit : « Ainsi Brahmâ créa d’abord les seigneurs des créatures, les brahmanes[2] dont la splendeur égale le feu et le soleil, puis, les hommes : les brâhmanes, les kshatriyas, les vaiçyas et les çûdras, et aussi la multitude des autres êtres humains de couleur (varnân)[3]. Le teint (varna) des brâhmanes était blanc, (celui) des kshatriyas rouge ; la couleur des vaiçyas (était) jaune et (celle) des çûdras noire. — Bharadvâja dit : Si la caste (varno) dans le quatre-caste-système (câturvarnyasya) est reconnaissable par sa couleur (varnena), on remarque dans toutes les castes la confusion des couleurs[4]. L’amour, la colère, la peur, la cupidité, le chagrin, l’inquiétude, la faim, la fatigue se manifestent chez toutes. À quoi donc reconnaît-on une caste ? Bhrigu dit : Ce n’est pas dans ces choses (qu’il faut chercher) la distinction des castes ; Brahmâ a fait tout ce qui existe. Créée par Brahmâ en principe, l’œuvre de la séparation en castes (ne) s’est réalisée (que) par la suite. — Bharadvâja dit : Mais explique-moi, ô le plus éloquent des sages, ce qui fait le brâhmane, le kshatriya, le vaiçya et le çûdra ? — Bhrigu dit :

« Celui-là est appelé brâhmane qui, pur, officie aux cérémonies de la naissance et aux autres initiations, (qui) étudie exactement le Véda, pratique les six espèces d’œuvres (et) les rites de purification, se nourrit d’offrandes, est dévoué à son précepteur spirituel, persévère dans les austérités et se distingue dans la foi. Celui qu’on voit pratiquer la foi, la générosité, la douceur, l’innocence, la modestie, la compassion et la dévotion, celui-là est déclaré brâhmane. Est appelé kshatriya, celui qui s’applique aux devoirs qu’exige la protection des êtres (kshatrajam), qui étudie le Véda et s’applique à donner ou à refuser[5]. Est appelé vaiçya, celui qui s’occupe avec zèle des troupeaux, est adonné à l’agriculture et au commerce, (qui est) pieux (et) étudie le Véda. Est appelé çûdra, celui qui est constamment disposé à manger toute espèce de nourriture, exécute n’importe quel travail, (est) malpropre, a délaissé le Véda et viole les observances légales. Mais

  1. Purûravâ uvâca : Kutahsvid brâhmano jâto varnâc câpi kutas trayah, kasmâc ca bhavati çreshthan me vyâkhyâtum arhasi. Mâtariçvovâcah : brahmano mukhatah srishto brâhmanô, bâbubhyân kshattriyah srishto ûrubhyân vaiçya eva ca, etc. (Çântiparva lect 72, çl. 2751-56 ; III, p. 462 sq.)
  2. Ces brâhmanes sont les éponymes brâhmaniques, les Rishis védiques, tels que Vasishtha, Bhrigu, Nareda, Atri, Angiras, etc.
  3. Ou bien : les autres tribus des créatures existantes.
  4. Ou « un mélange de castes ».
  5. « Attentif à équilibrer le budget (public). » C’est ainsi, je crois, qu’on pourra rendre en langage politique moderne, l’expression dânâdânar atir.