Page:Schoebel - Le Mythe de la femme et du serpent.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 56 —

divorce, sauf le cas où il se produit de fait par l’adultère, s’appuie sur le texte de la Genèse, qui dit que l’homme fut créé dans l’unité des deux sexes : Adam unus id est Eva et ipsa enim Adam est[1]. Je ne sais si c’est aussi par ce motif qu’un poète tamul enseigne que l’union maritale constitue à l’homme et à la femme une seule et même vie[2] ; ce qui est certain, c’est qu’il a inspiré Platon dans son Banquet. Ce philosophe dit en effet : « La cause du désir d’être indissolublement uni, de ne plus former qu’un seul être avec l’objet aimé, c’est que notre nature primitive était une, et que nous étions un tout complet : ὅτι ἡ ἀρχαία φύσις ἡμῶν ἦν αὕτη καὶ ἦμεν ὅλοι. » Et il ajoute : « On donne le nom d’amour au désir et à la poursuite de cet ancien état[3] ». La muse de Schiller s’inspire de la même idée quand, dans « le mystère de la réminiscence », elle s’écrie : « Oui, nous n’étions qu’un ! oui, tu m’as été intimement unie dans des éternités qui ont disparu… tu ne fus qu’un avec ton bien-aimé !… Et dans cette union étroite, intime, nous étions, je l’ai lu stupéfait, un dieu, une vie créatrice… »

En principe, l’homme était donc androgyne ; il était mâle et femelle dans une seule chair : le baschar echad[4]. En cet état, nous dit le document recueilli par l’auteur de la Genèse, il pouvait être fécond, se multiplier et remplir la terre[5]. Nous voyons, en effet, que ce pouvoir ne

  1. Ambrosius, Epist. ad Rom., c. V.
  2. Graul, l. laud., II, 203.
  3. Platonis Convivium, XVI.
  4. Genèse, II, 24. Cf. Bérose, ap. Eusèbe, Chronicon, I, p. 22, éd. Aucher, 1818.
  5. Genèse, I, 28.