Page:Schoelcher, Protestations des citoyens français nègres et mulâtres contre des accusations calomnieuses, De Soye et Cie, 1851.djvu/17

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mort qui, depuis quinze années, n’a pas été appliquée dans les colonies, emprunte le hideux appareil des temps barbares, et que la décapitation par la hache inaugure aux Antilles une ère de terreur, — car on s’efforce de donner à cet horrible drame une portée politique, — qu’on ose reprocher aux mulâtres « de rendre impossible la conciliation ! » C’est en écrivant que la lumière s’est faite et que la perte des révolutionnaires est inévitable, que l’on accuse ceux que l’on désigne ainsi de vouloir « l’expulsion des blancs, de ceux qui ont fondé dans ce pays l’agriculture et la civilisation ! » Ah ! si la contradiction n’était pas flagrante, pour repousser ces calomnies je n’aurais qu’à rappeler quelle fut, au jour de la proclamation de la liberté, la conduite de ces hommes que l’on insulte maintenant. Je pourrais les montrer, oublieux des mépris passés, employer la légitime influence qu’ils doivent à une commune origine, et dont on leur fait un crime à cette heure, à effacer du cœur de leurs frères, naguère esclaves, les poignants souvenirs d’un esclavage séculaire !

Quant à ces noirs, à ces barbares africains, comme les nomment les modérés, ont-ils jamais compté les cicatrices dont les coups de fouet des prétendus fondateurs de la civilisation avaient sillonné leurs corps pour en